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 JUDITH & CHRISTIAN ▲ my saving grace

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MessageSujet: JUDITH & CHRISTIAN ▲ my saving grace   JUDITH & CHRISTIAN ▲ my saving grace EmptyDim 25 Aoû - 13:41

Christian & Judith
my saving grave


Bienvenue dans le merveilleux sujet de Christian Walden qui va avoir l'honneur d'avoir comme partenaire Judith Lefebvre. Pour leur sujet, ils interdisent l'intervention d'un PNJ inoffensif qui pimenterait le rp et ils interdisent l'intervention de membres extérieurs qui passeraient par là. Ne sont-ce pas là des choix merveilleux ? L’histoire se déroule le 25 août à 3:12 pm alors que la météo est ensoleillée et chaude. À présent, il est temps de laisser la parole au créateur du sujet : Suite à l'insistance de Liz, sa fille de neuf ans, Christian l'emmène à Central Park pour pouvoir s'y promener et jouer avec la nouvelle poupée de la fillette. Ainsi, ils y vont et passent une première heure à discuter ensemble, quand finalement, Liz décide de s'écarter un peu pour jouer avec Sophie, sa poupée. Pendant ce temps, Christian entame la lecture d'un journal new-yorkais.


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MessageSujet: Re: JUDITH & CHRISTIAN ▲ my saving grace   JUDITH & CHRISTIAN ▲ my saving grace EmptyDim 25 Aoû - 15:00

Confortablement assis dans un fauteuil acquit récemment, Christian lit un article économique concernant le plan Dawes. La guerre avait beau être officiellement terminée, des nouvelles à son sujet ne cessaient d'apparaitre dans le journal. Cette fois-là, il s'agissait d'un arrangement mis au point par les gouvernements américain et anglais au sujet des réparations dues par l'Allemagne. Christian ne ratait jamais une occasion de suivre les actualités au sujet de la guerre, bien trop concerné par les dégâts infligés. Bien sûr, ce qui l'obsédait lui le plus était les pertes humaines, celles qu'il avait vues sur les champs de bataille, celles dont il avait entendu les coups de tirs proprement tirés. Trop proprement. Mais aussi celles dont on avait encore du mal à chiffrer le nombre exact. Jamais Christian ne pourrait oublier la terreur ressentie dans les tranchées et la peur de mourir sur les lignes. Résignée, Gladys avait fini par développer une patience et une écoute précieuse qui lui permettaient parfois de calmer cette angoisse permanente. Les années étaient passées, mais rien n'y faisait, la guerre l'avait touché jusqu'au plus profond de son être. « Papa, regarde la nouvelle poupée que maman m'a achetée ce matin ! » La seule qu'il réussissait à épargner de tout ce traumatisme était certainement Liz, sa fille de déjà neuf ans. Cette enfant avait pioché à la fois dans son père et dans sa mère, d'une façon si parfaite, que Christian n'avait eu aucun mal à s'attacher à elle. Elle était immaculée de toute cette guerre et son père comptait bien ne pas lui raconter tout ce qu'il avait pu voir de ses propres yeux, quand bien même sa curiosité grandirait avec l'âge. Pour le moment, c'était proscrit. Et Christian était loin de se douter des régulières discussions entre Liz et sa mère à son propre sujet, celui d'un père parfois triste sans raison apparente. Que pouvait bien dire Gladys, d'ailleurs ? « Montre-la moi. » Dit-il à sa fille en écartant son journal et en invitant sa fille à le rejoindre sur le fauteuil. Tandis qu'elle se ruait vers lui, il avait pu croiser le regard de sa femme, habillée délicatement comme à l'accoutumée, fière de cette scène entre un père et sa fille. Cette dernière dévoila ainsi la fameuse poupée et Christian ouvrit grand ses yeux. Il prit le jouet dans ses mains et l'observa minutieusement, sous l'oeil intéressé de Liz. La poupée avait des petits yeux verts surmontés de longs cils courbés. Ses cheveux étaient de couleur châtain, lisses et longs. Un nez droit, fin, et une bouche ni trop petite ni trop grande, légèrement rebondie.Quant à sa robe, Christian sourit, persuadé que sa fille rêverait d'avoir la même. Blanche et rose pâle, longue comme celle que Liz portait au même moment. Christian releva son regard sur la brunette. « Elle est belle. Comment vas-tu l'appeler ? » Car toutes les poupées de sa fille avait un prénom et gare à lui s'il en oubliait un. Pleine de malice, Liz sourit à son père avant de lui faire part du prénom choisi. « Sophie ! C'est un joli prénom français que maman m'a aidé à trouver. Tu aimes ? » Si la France ne lui rappelait pas forcément de bons souvenirs, Christian gardait tout de même cette image d'un pays à la culture fine et aux charmes délicats. Il ne savait pas vraiment d'où lui venait cette vision mais quoi qu'il en soit, cette simple pensée suffisait à le plonger dans une nostalgie bien mystérieuse. « Oui, ce prénom est bien choisi mais ça ne m'étonne pas, ta maman a toujours de très bonnes idées. » La concernée s'approcha d'eux et posa tendrement sa main sur l'épaule de Christian et lui adressa un regard complice. « Liz avait envie que tu l'emmènes au parc afin qu'elle puisse jouer. Qu'en dis-tu ? » Cette enfant avait la chance d'avoir deux parents réellement concernés par son bien-être et son éducation plus généralement. L'objectif de Christian était bien d'en faire une jeune fille respectable, avec un sens de la discussion et du répondant. Il souhaitait qu'elle soit capable de tenir une conversation sans en perdre le fil, sans se sentir dévalorisée par un propos déplacé ou précipité. Liz était importante à sa manière et ses parents le lui faisaient régulièrement comprendre. Néanmoins, les caprices n'avaient aucune place dans la famille et elle était bien placée pour le savoir car Christian n'hésitait pas à se montrer sévère lorsqu'il en ressentait le besoin. Une fille moderne oui, mais pas directive dans son propre foyer où les parents avaient le mot final. Christian finit par plier son journal et le posa sur la table basse. « Allons-y alors, cette sortie au parc nous fera du bien. Et puis je dois avouer préférer être là-bas avec ma fille plutôt que de supporter l'extravagance de ton amie... » Dit-il en se retournant vers sa femme, l'air taquin. Il n'avait pas oublié qu'elle avait invité l'une de ses amies à venir passer l'après-midi chez eux. Gladys leva les yeux au plafond et il déposa un baiser sur sa joue avant de filer se préparer.

Une demie-heure plus tard, les deux protagonistes étaient au parc. Christian assis sur un banc en bois, les jambes croisées, et Liz agenouillée au-dessus de l'herbe en train de s'inventer une histoire avec Sophie comme personnage principal. Le regard de son père surveillait aussi bien la fillette que les alentours. Et finalement, il décida de continuer la lecture de son journal, non sans jeter parfois un coup d'oeil vers Liz. Mais cinq minutes passent parfois très vite, plus qu'on ne le pense.

Liz avait relevé son regard et celui-ci s'était arrêté sur une jeune femme à une vingtaine de mètres d'eux. La démarche de cette dame était simple et pourtant elle avait captivé le regard clair de la jeune Walden qui s'était même redressée pour l'observer plus en détail. Sans lâcher sa poupée, son regard suivit la silhouette fine jusqu'à ce qu'elle aille s'asseoir sur un banc, non loin d'elle. Liz se pinça la lèvre inférieure et regarda furtivement son père, en pleine lecture, avant de regarder à nouveau la dame. Mince alors, elle ressemblait vraiment beaucoup à sa poupée. D'ailleus, on aurait dit une copie conforme. Et Liz trouvait le visage de cette femme tellement sympathique qu'elle ne réfléchit presque pas et se leva pour la rejoindre. Silencieusement, elle s'approcha et s'assit même sur le banc, à côté d'elle. Son regard inquisiteur fixait la jolie dame. « Bonjour Madame. » Dit-elle poliment. Elle finit par sourire gentiment avant de lui montrer sa poupée. « Je trouve que vous lui ressemblez beaucoup, vraiment beaucoup. Je l'ai appelée Sophie, parce que j'aime beaucoup les prénoms français. Et vous, vous vous appelez comment ? » Innocemment, elle lui avait parlé comme si elle n'était pas une étrangère. Si son père l'avait vue, il l'aurait sermonnée, sans aucun doute. Mais pour l'instant, il n'avait pas relevé son regard du Daily News. Quant à cette dame, sûrement allait-elle trouver étrange qu'une fillette de presque dix ans vienne l'accoster sans personne à ses côtés, mais Liz était bien loin de penser à ça. Ce qu'elle voulait elle, c'était savoir pourquoi la ressemblance était aussi frappante entre sa poupée et elle. Sûrement devaient-elles avoir des points communs.
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MessageSujet: Re: JUDITH & CHRISTIAN ▲ my saving grace   JUDITH & CHRISTIAN ▲ my saving grace EmptyDim 25 Aoû - 17:57



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« Les enfants, Emma va vous emmener à la piscine municipale. Tâchez d'être sages et de ne jamais perdre votre binôme des yeux. » D'une voix douce mais autoritaire, Judith s'adressait à un petit groupe d'enfants entre 8 et 10 ans. L'organisation de l'orphelinat était une épreuve quotidienne qui réservait son lot de surprises et de désagréments. En tant que gouvernante de l'établissement, c'était elle qui prévoyait chaque soir l'emploi du temps du lendemain pour la cinquantaine d'enfants qu'elle avait à charge. Elle régissait tout d'une main énergique mais toujours dévouée à cette cause sociale. Bien sûr, elle avait des employés pour l'épauler dans sa lourde tâche : des professionnels de la santé, de l'éducation, des jeunes adultes qui cherchaient à se faire un peu d'argent tout en restant dans un cadre familial et des nourrices expérimentées. Si la femme ne tenait pas tant à ses orphelins, elle aurait pu réellement prétendre à gérer une véritable entreprise. Chaque enfant allait être occupé cet après-midi sauf les rares malades qui étaient attentivement surveillés à l'infirmerie. Quant à elle, elle devait aller rendre visite aux commerçants de New York afin de prévoir le renouvellement des stocks de la cuisine pour les prochains jours. Autrefois, elle s'était sentie lésée dans ce labeur dont elle n'avait aucune notion. Maintes fois elle s'était retrouvée avec de la nourriture en trop sur les bras ou bien avec un trou dans le budget déjà serré de l'orphelinat. Après plusieurs mois, elle était devenue reine dans l'art de la négociation et parvenait à obtenir de très bons prix avec un joli sourire en plus. Elle s'imposait donc d'y aller par elle-même, ce qui impliquait ne laisser aucune faille dans l'organisation de son absence. Judith donna les dernières recommandations à Emma, la trentenaire qui s'occuperait d'emmener la poignée d'enfants nager. Elle avait confiance en elle et savait que dès qu'elle rentrerait, elle retrouverait toutes ses petites têtes sauves et satisfaites de ce divertissement qui mettait un peu de gaieté dans leur enfance difficile. Son sac à main pendu à son épaule, elle s'abaissa à la hauteur d'une petite fille rousse à la mine déconfite. N'importe quel passant aurait pensé qu'elle faisait un caprice parce qu'elle n'appréciait pas ce qu'on lui imposait de faire mais Judith connaissait la raison enfouie de toute cette fâcherie.
« Anna chérie, je sais que tu n'aimes pas particulièrement l'eau. Nous avons discuté de cela, nous avons travaillé sur ta nage, je t'assure qu'elle est parfaite. » Le visage boudeur de l'intéressée se dérida un peu, laissant dévoiler des traits d'angoisse. « Rien ne t'arrivera, je te le promets. Et puis James est à tes côtés, n'a-t-il pas été élu meilleur nageur du groupe ? » Un grand garçon de douze ans qui tenait la main de la petite Anna dévoila ses dents blanches en un grand sourire fier. Judith lui adressa un bref regard attendri puis revint à sa voisine. Elle saisit son visage entre ses longs doigts pour déposer un baiser sur chacune de ses joues potelées. « Tu me raconteras tout à ton retour ? » Anna acquiesça en silence puis retourna dans les rangs avec son binôme. La gouvernante se releva avant de devancer le groupe pour sortir de l'orphelinat. Elle passait toujours ces portes avec une pointe d'appréhension, se sentant responsable de chaque événement qui s'y produisait. Au-delà d'un travail médical et social qu'elle avait aimé lorsqu'elle était infirmière, elle avait trouvé une dimension éducative et se sentait très responsable de l'avenir qu'elle leur réservait. Certains trouvaient des foyers, d'autres resteraient ici jusqu'à ce qu'ils soient en âge de travailler et c'était bien cette loterie de la vie qu'elle exécrait le plus.
Judith marchait lentement sur les trottoirs de New York et alors elle n'était plus qu'une femme parmi la foule, une américaine de cœur, une française de souche. Elle avait besoin de cette bouffée d'air, de s'évader de temps à autres. Le ciel était clair et ensoleillé. La chaleur était bien présente mais une brise éphémère venait parfois chatouiller les cheveux bruns de la jeune femme. Elle les avait laissés détachés aujourd'hui. Elle portait une robe près du corps dans les tons blanc cassé, proche de l'immaculé. Comme à son habitude, elle l'avait ceinturée pour marquer sa taille et ce jour-là, elle avait opté pour un fin cordon bleu klein. Son pas était léger et enthousiaste. Avant de rejoindre les grandes avenues commerçantes du centre-ville, elle avait décidé de bifurquer vers Central Park où elle s'offrirait un court moment de détente. Les paysages américains n'avaient rien à voir avec sa France natale et c'était toujours un émerveillement de découvrir de nouveaux recoins, de nouveaux tableaux à tout coin de rue. Elle reconnut enfin la verdure de Central Park et ses plans d'eau en construction, une image qui dénotait avec son environnement en pleine expansion industrielle. Pour une atmosphère aussi sereine, elle avait glissé dans son sac ''La Mystérieuse Affaire de Styles'' par une certaine Agatha Christie. C'était le premier roman de cette auteure britannique. Elle commençait à connaître un franc succès outre-atlantique. Elle adorait les romans policiers et s'était empressée d'en faire l'acquisition. Elle trouva un banc libre et s'y installa, déposant son sac à côté d'elle. Judith prit le temps de détailler des yeux ce qui l'entourait quand elle croisa le regard curieux d'une petite fille. Celle-ci la dévisageait avec grand intérêt et malgré elle, la brune ne put s'empêcher de la contempler à son tour. Elle était magnifique cette enfant. Des boucles parfaites, des yeux d'un bleu perçant et un minois intéressé et éveillé. De toute évidence, ses parents devaient être très fiers d'elle. Contre toute attente, elle vint s'asseoir à  ses côtés et l'aborda avec tout le naturel du monde. A la fois surprise et attendrie qu'une fille seule ne parle à une inconnue, elle lui répondit avec un sourire : « Bonjour, mademoiselle. » Sans attendre, la demoiselle surenchérit, révélant alors l'attention qu'elle lui portait. Il semblerait qu'elle ait des traits en commun avec sa poupée qu'elle exhiba sous son nez. Elle posa une main sur son buste, exagérant le fait qu'elle fut flattée de ce compliment. Judith posa les yeux sur la poupée. La petite fille était très perspicace et assez espiègle. La trentenaire ne se sentait nullement gênée d'être importunée de la sorte, ça n'était qu'une habitude qu'elle avait prise. « Permettez-moi de dire que vous êtes très observatrice, jeune fille. Il s'avère que je suis française. » Elle attendit avec impatience la réaction surprise de son amie avant de reprendre : « Je m'appelle Judith. Enchantée de te connaître. Et toi, tu t'appelles comment ? » Elle était curieuse d'en apprendre plus sur cette adorable petite fille. Cependant, elle en profitait également pour récolter des informations. Au vu de sa tenue élégante et irréprochable, elle devait avoir des parents plutôt fortunés qui la cherchaient peut-être. Lorsqu'elle lui annonça enfin son prénom, elle lui fit un clin d'oeil. « C'est très beau Liz ! » Passant une main douce dans ses cheveux bruns, elle finit par ajouter : « Mais dis-moi Liz, tu es toute seule avec Sophie ? Ta mère ne t'a pas accompagné à Central Park ? » Liant la parole au geste, elle redressa la tête pour scruter le parc à la recherche d'une mère affolée. Quelques silhouettes étaient présentes au loin, certaines flânaient, d'autres lisaient tranquillement sur d'autres bancs. Mais rien n'attirait véritablement son attention.
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MessageSujet: Re: JUDITH & CHRISTIAN ▲ my saving grace   JUDITH & CHRISTIAN ▲ my saving grace EmptyDim 25 Aoû - 19:19

Un léger vent se faufila entre les boucles brunes de Liz alors que son regard était fixe, sur cette dame qui avait attiré son attention dès le premier coup d’œil. Pourtant, la fillette était d'ordinaire assez sauvage et elle ne s'approchait pas des gens aussi facilement. C'était d'ailleurs une de ses particularités que Christian appréciait... Ce jour-là, il allait être déçu d'elle qu'elle se soit approchée d'une inconnue. Pourtant, cette femme n'avait rien de mauvais en elle, cela se voyait tout de suite et Liz ne s'était pas assise sur ce banc pour rien. Quand Liz apprit qu'elle était française, ses yeux s'arrondirent en réaction à la surprise. Ravie, elle était véritablement ravie ! Les commissures de ses lèvres se haussèrent marquant ainsi sa joie de petite fille. Judith, comme une de ses camarades. Alors ce prénom était-il américain, ou français ? « Liz. » Dit-elle doucement, avant de poursuivre. « Une de mes amies s'appelle Judith aussi. Ce n'est pas français comme prénom alors ? » L'universalité d'un prénom était encore une notion relativement ambigue pour la fillette dont les sourcils s'étaient froncés. En tout cas, elle était ravie que Judith complimente son prénom, cela ne faisait que renforcer son envie de rester là, en sa compagnie. « Merci madame. » Répondit-elle sobrement sans la quitter du regard tandis que cette main étrangère venait caresser ses cheveux. Il n'y avait que sa mère qui faisait ça, d'ordinaire. Mais pourquoi rejeter cette main qui ne lui inspirait que gentillesse ? Liz n'était pas si sauvage que ça, au fond. Elle attendit que Judith brise le silence, ce qui finit par arriver et fit même rire la jeune Walden. Sa petite main se releva et pointa du doigt Christian, assis plus loin. « Non, je suis venue avec papa. Il n'a pas vu que j'étais partie je crois, parce que sinon il m'aurait grondée... » Dit-elle alors qu'elle regardait son père avec un air espiègle.

Le regard toujours rivé sur son journal, il lisait un article sur la construction d'un nouveau gratte-ciel à Manhattan. Presque cinquante étages. Cela semblait toujours si impressionnant à imaginer... Il se rappela alors de cette journée pluvieuse à Paris ou il avait enfin pu admirer cette fameuse tour du désormais célèbre Gustave Eiffel, petit joyau d'architecture moderne. Et si les Français pouvaient être fiers de leur architecture haussmannienne, les Américains eux aussi voyaient cet art se développer durant ces dernières années, aussi bien en raffinerie qu'en hauteur. Un chant d'oiseau se fit entendre alors, et Christian releva sa tête pour voir que sa fille n'était pas là. Pris d'une panique soudaine, il abandonna son journal sur le banc pour se lever et regarder les alentours. « Liz ! » Hurla-t-il, avant de poser son regard sur ce banc, à une dizaine de mètres de lui. Il vit le visage de sa fille se retourner, ce sourire malicieux sur les lèvres. Son coeur se calma aussitôt, presque aussi rapidement qu'il s'était emballé. Liz se leva et se dépêcha alors de le rejoindre, comprenant que ce n'était pas drôle du tout. Et une fois arrivée vers lui, elle s'accrocha à lui, moment qu'il choisit pour vérifier qui était cette personne qui avait attiré sa fille. C'est là qu'il croisa son regard. Ce regard qui l'avait fait revivre. Qui était gravé dans son coeur, très profondément, si bien que personne n'aurait jamais pu le faire reparler de tous ces instants vécu en la compagnie de la Française. La main dans les cheveux de sa fille, Christian s'immobilisa et la fixa un instant sans savoir quoi faire. Il était paralysé sous le coup de la surprise, mais aussi à cause des dizaines de souvenirs qui lui revinrent à l'esprit. Tsiporah. Un sourire venu tout droit de son coeur se dessina sur les lèvres de Christian, alors qu'il la regardait avec émotion. « Madame Judith ressemble beaucoup à Sophie, tu ne trouves pas papa ? » Étonné, il fronça les sourcils vaguement. Seul le début de sa phrase avait retenu son attention. « Judith ? » Murmura-t-il presque comme s'il se parlait à lui-même. Se trompait-il sur son identité ? Non il était persuadé que c'était elle. Il aurait même pu la reconnaître entre mille. Finalement, il retrouva l'usage de ses jambes et fit quelques pas dans la direction de la jeune femme. Plus il s'approchait, plus il la redécouvrait. Neuf ans s'étaient écoulés depuis qu'il l'avait vue à ce camp de réfugiés. Neuf ans pendant lesquels Tsiporah avait dû être touchée par la guerre plus que n'importe quelle autre femme. Elle l'avait vécue, elle aussi, à travers le désespoir des nombreux soldats qu'elle avait soignés. Si seulement elle ne l'avait que soigné... Car Christian était reparti le coeur bien lourd et si ce sentiment d'oppression lui avait été étrange à l'époque, il comprit à cet instant la nature de ce qu'il avait ressenti. Cette femme ne l'avait pas juste soigné, elle l'avait sauvé. D'une manière ou d'une autre. Trois pas, deux pas et un dernier, le voilà face à elle, le coeur troublé. « Je... J'ai eu peur que vous soyez un fou, voleur d'enfants. » Dit-il en souriant faiblement, complètement ému de ces retrouvailles. Finalement, il rit, d'un rire totalement nerveux. Sa main s'avança, dans l'attente qu'elle la serre en guise de salutation. Et il se souvint qu'à l'époque, c'était lui qui parlait en français... Apparemment, c'était en anglais qu'elle avait discuté avec Liz. Cela dit, il s'amusa à réutiliser la langue d'origine de la jeune femme. « Ma fille ne vous a pas dérangée ? » Collée à son père, Liz ne les quittait pas des yeux, complètement obnubilée par cette scène.
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MessageSujet: Re: JUDITH & CHRISTIAN ▲ my saving grace   JUDITH & CHRISTIAN ▲ my saving grace EmptyLun 26 Aoû - 0:20



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Judith finissait par croire que son destin entier était lié aux enfants. Pendant longtemps, elle avait été l'infirmière des hommes, des soldats de la paix. Elle avait côtoyé les pires maladies, les pires blessures, parfois des troubles mentaux qui rongeaient des âmes toutes entières. Elle s'était crue assez forte pour ça et avait fait preuve d'une dévotion exemplaire durant la Grande Guerre. Cette horreur avait laissé des séquelles dans sa mémoire, beaucoup de mauvais souvenirs pour peu d'heureuses réminiscences... Pourtant, elle revenait à ses premiers amours. Avec les enfants, elles soignaient leurs maux, leurs blessures mais surtout elle aimait penser qu'elle guérissait leur sentiment d'abandon qui était probablement la pire douleur de toutes. Elle aimait voir leurs visages rieurs et leurs bras tendus dans un élan d'affection. Et même lorsqu'elle croyait s'offrir des moments de répit, ils étaient encore là. La présence de Liz en était le parfait exemple et au fond, elle ne pouvait davantage combattre cette évidence. Elle oublia donc ce qui devait être un moment en solitaire pour se consacrer à cette discussion plutôt divertissante. La petite Liz se montrait d'une candeur amusante. Elle ne manquait pas de répondant, répliquant au fur et à mesure que son esprit formulait ses questions. « Ah bon ? Disons que ce prénom a beaucoup d'origines mais il est principalement français. Chacun peut le porter ! » Judith n'osait lui expliquer que ce prénom était tout simplement issu de l'hébreu et donc qu'il s'était répandu au fil des émigrations et de la diffusion de cette culture si particulière. Visiblement, l'enfant fut satisfaite de sa justification et la remercia poliment sur son compliment. Elle était indubitablement bien élevée sans que ses parents n'aient jugulé son caractère mutin. C'était une très bonne initiative de la laisser développer ses propres idées et sa propre personnalité tout en lui enseignant les valeurs importantes. Mais, de plus en plus, la jeune femme se sentait concernée par l'absence de sa mère. Elle l'interrogea alors sur ce point, n'hésitant pas à utiliser la poupée Sophie pour ne pas qu'elle se sente agressée. Le rire qui sortit de la bouche de Liz surprit agréablement Judith qui l'imita à son tour. Elle suivit du regard le doigt pointé vers une silhouette lointaine qui semblait plongée dans la lecture du journal. Ca n'était pas réellement prudent mais elle ne pouvait pas le blâmer pour ça : elle avait remarqué que les américains se sentaient toujours très concernés par l'évolution de leur nation et par le monde. N'étaient-ils pas déjà intervenus dans la guerre qui avait pourtant éclaté en Europe, de l'autre côté de l'Atlantique ? « Oh. Peut-être devrais-tu... » Avant qu'elle ne puisse finir sa phrase, le père bondit sur ses pieds avant d'appeler vivement Liz. Cette dernière courut le rejoindre sans adresser un au revoir à Judith. Elle l'observa un instant courir jusqu'aux jambes de son paternel. Cette rencontre avait été brève mais rafraîchissante. Elle sortit son livre de son sac à main dans l'intention d'en lire les premières lignes quand ses yeux furent indirectement attirés vers le père de Liz qui l'observait. Et ce fut alors l'effet d'une bombe.
Lui. Ses yeux clairs si expressifs qu'elle n'avait jamais oublié malgré ses efforts. Parfois elle pensait avoir réussi jusqu'à ce qu'un détail ne lui rappelle la guerre et cette rencontre inoubliable. Elle était capable de réciter chacun des mots qui avaient été échangés, se rappeler des regards équivoques qu'ils s'étaient offerts. Sa silhouette n'avait pas changé, sa carrure était toujours aussi imposante quoique plus élégante que dans son uniforme de soldat. Complètement bouleversée par cette vision qu'elle aurait volontiers attribué à son imagination, elle baissa le regard vers ses mains qui trituraient nerveusement la reliure du pauvre livre. Que devait-elle faire ? Feindre de ne pas le reconnaître ? Fuir ? Ca n'appartenait tellement pas à son caractère mais elle n'avait fait que ça depuis quelques années à présent, se cacher. Elle se surprit à prier qu'il ne s'en aille avec sa fille tandis que son cœur battait à tout rompre de le voir s'approcher d'elle. Plus sa silhouette se dessinait nettement, plus elle sentait ses joues s'empourprer. Non plus de la timidité de l'époque mais d'une certaine confusion. En neuf ans, elle avait vieilli. Elle se sentait soudainement gauche et mal apprêtée, elle qui portait toujours une attention particulière à son apparence. Il était sans nul doute riche, le costume qu'il portait semblait être taillé pour lui. Ses yeux émus détaillèrent son visage masculin. Il était rasé de près, plus de trace de la barbe drue qui avait résisté à des jours de combat. Mais ses yeux. Ses yeux n'avaient pas changé, quoiqu'elle pouvait déceler au fond de ceci le même trouble qui l'habitait à cet instant précis. Judith se redressa droite sur son banc. Christian finit par prendre la parole, s'estimant soulagé que Liz ne soit tombée sur elle. « Oh non, vous savez, la centaine d'enfants que j'ai à charge me suffisent amplement. » Répondit-elle, le plus naturellement possible. C'était au prix d'efforts colossaux qu'elle n'avait pas bégayé. C'est alors qu'elle glissa son attention sur Liz. Elle réalisa alors ce qu'impliquait désormais la présence de la petite fille. Il était papa. Il était donc marié et en estimant l'âge approximatif de l'enfant, ce mariage durait depuis près de dix années. Sans savoir pourquoi, elle sentit un nœud dans son estomac. Cependant, elle était devenue la reine du contrôle et c'est avec un sourire chaleureux qu'elle offrit sa main pour serrer celle de Christian. Elle ne remarqua aucun bracelet à ce poignet-ci. Sans doute l'avait-il jeté une fois qu'il était rentré dans son Angleterre natale, ou bien après avoir rencontré l'amour de sa vie. La main qui venait de toucher celle de l'homme finit dans ses cheveux, remettant en place une boucle dans son dos. Elle était moite, moite d'une émotion qui la submergeait et qu'elle était incapable de faire disparaître. Pourquoi diable ces retrouvailles étaient si étranges ? Judith s'extirpa de ses pensées quand elle entendit sa langue maternelle. Comme autrefois, il venait de s'adresser à elle en français. Liz, elle, se contentait de les regarder les yeux écarquillés, trop jeune pour comprendre cette langue étrangère. Les yeux verts de l'ancienne infirmière ne quittait pas son visage juvénile tandis qu'elle répondait en français : « Non, bien sûr que non. Elle s'est montrée très polie et fort agréable. » Elle laissa un court silence s'installer entre eux puis parla de nouveau, ne voulant pas éveiller le moindre soupçon chez la petite fille. Elle ne savait que trop combien les enfants étaient observateurs. « Vous êtes en voyage ici ? » Elle ne songeait pas une seconde qu'il puisse, tout comme elle, avoir immigré jusqu'ici, là où les opportunités étaient plus profitables. Elle était restée à cette idée fantasmée du soldat anglais blessé qui était rentré victorieux et fier de son devoir. Et étrangement, elle préférait cette image passée plutôt que la réalité actuelle.
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MessageSujet: Re: JUDITH & CHRISTIAN ▲ my saving grace   JUDITH & CHRISTIAN ▲ my saving grace EmptyLun 26 Aoû - 15:36

Pleinement distrait par cet article fort intéressant qu'il lisait, Christian n'avait pas remarqué l'éloignement de sa fille Liz. On pouvait bien voir là le tempérament libre de cette enfant qui n'avait pas vu cet écart comme réellement dramatique. Ce sourire malicieux qu'elle avait esquissé en mentionnant ce père possiblement déçu de son comportement indiquait bien que malgré l'autorité de Christian, la fillette savait reconnaître un acte délibérément mauvais et une curiosité relativement confiante. Néanmoins, quoi qu'on en dise, cette femme aurait très bien pu être mal-intentionnée. Si Christian n'avait pas vu en elle cette femme douce, sécurisante et affectueuse, il l'aurait sans aucun doute sermonnée elle mais aussi et surtout sa fille. Bien sûr que cette femme n'y était pour rien dans cette affaire, mais que voulez-vous, on ne refait pas un père inquiet. Cette fillette représentait tellement de choses pour Christian. Si la nature n'avait pas encore voulu lui donner d'autres enfants, alors il devait être le meilleur possible pour la seule qu'il avait. Il s'était approché de Tsiporah sans même répondre à la question de sa fille. Avec du recul, il vous aurait dit qu'en effet, la ressemblance entre Sophie et elle était frappante. Le même minois, ce même sourire pourtant si factice sur cette poupée et tellement précieux chez cette Française. Ce sourire qui l'avait empêché de broyer du noir pendant de nombreux jours. Pourtant, il s'était dit que jamais il ne la reverrait. Ce moment des adieux, il s'en souvenait comme si c'était hier. Elle avait ce regard si plein d'espoir et pourtant meurtri. Christian avait été profondément touché par ces gestes qu'elle avait eu à son égard. Du plus simple au plus significatif. Il y avait ce baiser sur sa joue qui lui avait permis de pouvoir sentir son parfum, de plus près encore. Christian était marié, sa femme était celle pour qui il voulait revenir vivant. Et pourtant, son coeur entier était dévoué à cette infirmière ce jour-là. Et s'il n'avait pas été marié, sans doute se serait-il autorisé un baiser sur ses lèvres. Un baiser qui aurait symbolisé toute cette espérance qu'elle lui avait apporté, tout ce bien-être si cher en ces temps de guerre. Tsiporah ne savait pas à quel point elle avait été bienfaitrice pour de nombreux soldats comme lui qui, obsédés par la peur et la mort, oubliaient petit à petit le doux réconfort d'une femme. Un franc sourire se dressa sur les lèvres de Christian tandis qu'il avançait vers la brunette. Aucune gêne, aucun embarras ne le retenait. Pourtant, il remarqua les joues de la jeune femme rougir. Elle était embarrassée et il était heureux. Arrivé face à elle, il ne put s'empêcher de plaisanter gentiment, et la réponse qu'elle donna fut celle d'une femme qui faisait mine d'être forte pour bien paraître. Christian le remarqua et lui répondit par un sourire tendre, avant de chercher à comprendre ce qu'elle signifiait par "une centaine d'enfants". Visiblement, elle n'était plus cette infirmière qu'il avait connu. « Une centaine d'enfants à votre charge ? J'imagine que ce ne sont pas les vôtres. » Répondit-il avec un sourire chaleureux et taquin à la fois. Il offrit sa main droite pour la saluer et apprécia fortement ce contact avec elle. Il n'était plus ce même homme qu'autrefois. La peur et l'angoisse avaient laissé place à l'assurance et la sérénité, même si cette dernière était parfois atteinte par de vieux démons. Tout en posant sa main sur l'épaule de sa fille, déjà grande pour son âge, Christian décida alors de s'adresser à Tsiporah en français. C'est dans cette langue qu'ils avaient discuté de longues heures au camp de réfugiés, sous les bruits de bombardement assez fréquents. Le jeune homme à l'époque n'avait pas cherché à se montrer aussi courageux qu'elle le pensait être. Bien sûr qu'il fallait du courage pour faire acte de présence, pour en venir à vouloir tuer des hommes qui n'ont pas le même uniforme que vous. Mais le vrai courage d'un homme d'expérience lui était venu après cette guerre, lorsqu'il avait enfin pu s'épanouir en tant qu'adulte responsable et citoyen de son pays. Sur son lit de blessé, Christian lui avait communiqué sa terreur et c'est naturellement qu'ils avaient parlé de tout et de rien, sauf de cette guerre meurtrière. Alors si c'était bien dans ce contexte qu'il l'avait rencontrée, elle ne le noyait cependant pas dans tous ces souvenirs horrifiants, bien au contraire. Le trentenaire lâcha finalement la main de la jeune femme, avec ce même sourire aux lèvres que celui qu'il lui avait adressé de nombreuses fois pour la rassurer en 1915. Christian fut finalement satisfait de savoir que Liz ne s'était pas mal comportée avec elle, non pas parce qu'elle était Tsiporah, mais parce que les Walden se devaient de ne pas être vulgaires ou incorrects. Et à sa question suivante, Christian réalisa qu'elle aussi pouvait en effet se poser la question. « Non. Je suis venu m'installer à New-York à mon retour de la guerre. » Dit-il calmement, avant de poursuivre. « Et vous donc ? Vous sembliez tellement aimer la France et pourtant, je vois que vous parlez dorénavant très bien notre langue. » Ajouta-t-il en souriant doucement, sans la quitter du regard. Avant de la laisser répondre, il abaissa son regard vers Liz qui était perdue. « Lizzie, et si tu allais jouer avec Sophie pendant que nous discutons ? » Ses yeux clairs fixèrent son père, Tsiporah, et finalement elle alla s'asseoir dans l'herbe avec sa poupée, résignée. Du haut de ses neuf ans, elle avait beau ne pas comprendre le français, elle était cependant loin d'être idiote. Discrètement, la fillette tendit l'oreille de temps à autre pour les écouter parler, peu importe la langue employée. Qui pouvait bien être cette femme que son père regardait avec tant d'admiration... ? Christian invita Tsiporah à s'asseoir sur le banc avec elle pour être plus à l'aise et il l'écouta parler avec beaucoup d'intérêt. Quand elle eut terminé, le séduisant Walden ne put retenir la tendresse qui émana de son visage. « Je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de vous remercier, Tsiporah. Vous m'avez redonné tellement de courage ces quelques heures en votre compagnie... Sans doute étiez-vous habituée à être ainsi avec les soldats mais il faut que vous sachiez que vous avez été très importante pour moi. » Tout en élégance, Christian croisa ses jambes et posa sa main d'homme marié sur sa propre cuisse. Cet anneau en or était presque le seul bijou qu'il portait. Presque. Le deuxième, sous la forme d'un bracelet, était quant à lui souvent caché par ses chemises mais pourtant bien présent au poignet gauche de Christian. Ce poignet qui était directement relié au coeur du jeune homme. Jamais il n'en avait fait le constat mais ce qui est certain, c'est que Tsiporah avait bien choisi le poignet et que jamais il ne l'avait enlevé.
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MessageSujet: Re: JUDITH & CHRISTIAN ▲ my saving grace   JUDITH & CHRISTIAN ▲ my saving grace EmptyLun 26 Aoû - 20:05



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Revoir Christian était troublant. Ce coup du sort était si inattendu, aurait-elle préféré pouvoir s'y attendre ? Rien n'était moins sûr. Judith ignorait comment réagir avec lui. Ils s'étaient rencontrés dans un contexte si particulier qui était heureusement derrière eux. Elle ne craignait que s'ils s'étaient connus comme ça, dans un parc, dans la vie réelle, peut-être n'aurait-il jamais posé les yeux sur elle. Elle n'avait pas su son âge mais à remarquer l'allure qu'il avait à cet instant, elle avait du lui paraître bien juvénile à l'époque. A l'âge où il était déjà un homme bien fait, elle n'avait été qu'une jeune femme qui n'avait même pas atteint la majorité légale. L'enfant s'était occupée de l'adulte, avait pansé ses blessures. Aujourd'hui, nul ne savait s'il avait gardé un bon souvenir d'elle mais au moins il se montrait courtois. Il avait semblé surpris lorsqu'elle s'était exclamée qu'elle avait déjà bien assez de marmaille à s'occuper. Il l'avait connue infirmière, il la retrouvait gouvernante. Néanmoins, elle n'avait pas oublié les prouesses qu'elle avait accomplies lors de la Grande Guerre et offrait régulièrement ses services auprès de familles modestes. Jamais une grande famille riche n'accepterait une immigrée pour s'occuper de leur santé... Mais ce fut avec fierté et une légère pointe d'amusement qu'elle répliqua à sa gentille taquinerie. « En effet. Je tiens l'orphelinat de Brooklyn. » L'établissement était le plus conséquent de New York puisqu'il renfermait bien d'autres services que celui de simples dortoirs pour orphelins. Tout le monde en entendait parler car il apparaissait parfois dans les colonnes. Certains patrons faisaient leur réputation généreuse en faisant des dons, tandis que d'autres s'activaient véritablement dans l'ombre. Les américains raffolaient des causes perdues, à l'image de la guerre à laquelle ils avaient vaillamment participé. Les médias n'hésitaient donc plus à jouer de cet aspect de la société, quitte à rentrer dans le mélodramatique pour éveiller les consciences nationalistes. Cet orgueil national dépassait parfois Judith qui, malgré l'amour qu'elle portait à sa nation, ne saisissait pas chaque occasion pour l'étaler. Il fallait juste ne pas oublier qu'ils étaient dans la grande et puissante Amérique qui peu à peu asseyait sa domination sur l'Europe. D'ailleurs la présence de Christian ici l'avait quelque peu étonnée. Elle n'avait pu se tromper sur son accent très britannique, beaucoup plus guindé que celui d'ici. Sans en comprendre les véritables raisons, tout ce qui touchait à la vie de l'homme l'intriguait. Elle n'avait connu de lui que ce qu'il avait bien voulu lui révéler et lors de ces temps noirs, on préférait toujours rester discret. Le soldat avait tourné la page et refait sa vie. Quant à elle, elle appartenait à l'ordre du souvenir et elle ne pouvait lui tenir rigueur si toutefois il préférait rayer de sa mémoire cette période douloureuse. Après tout, leurs regards s'étaient croisés pour la première fois alors qu'on venait tout juste de retirer une balle de son épaule. Judith prit quand même la peine de s'intéresser à lui, dans sa langue maternelle, puisqu'elle ne souhaitait pas se montrer indiscrète envers Liz. « Vous savez le rêve américain... On finit tous par y succomber. » Mentit-elle avec un sourire convaincant. Ça n'était pas tout à fait faux excepté qu'elle avait poursuivi ce rêve américain afin de fuir un éventuel cauchemar qui planait au-dessus de la tête des Lefebvre depuis la disparition du chef de famille. Même si son métier l'épanouissait, elle ne pouvait pas affirmer qu'elle s'endormait le soir sans aucune peur du lendemain. Surtout depuis que son petit frère était en ville, elle avait d'autres angoisses à affronter.

Le paternel avait fini par envoyer Liz jouer avec sa poupée. Sur l'instant, Judith se sentit de trop. Peut-être ne souhaitait-il pas qu'elle ne l'observe en compagnie d'une autre femme. A New York, les nouvelles allaient bien vite même quand elles se vérifiaient fausses. Elle admira la petite fille s'éloigner pour s'occuper avec Sophie. Elle laissa Christian s'asseoir à ses côtés, sans quitter des yeux l'enfant. Le malaise était quelque peu atténué quand l'innocence de Liz était dans les parages. Désormais, il reprenait peu à peu possession de son être, étouffant la spontanéité qui la caractérisait d'habitude. « Merci. J'espère ne pas trop hériter de cet accent si spécial... » Elle faisait mention à la manière de parler des américains, qui s'avérait souvent rapide, parfois incompréhensible. Avec Christian, elle ne faisait plus aucun effort de compréhension. C'était reposant. Tandis qu'elle tournait sa tête de nouveau vers lui dans un mouvement gracieux, ce dernier entama un tout autre discours. Il évoquait ces moments passés ensemble sans aucune pudeur, sans aucune honte. La jeune femme aurait du se sentir flattée de tels remerciements mais involontairement, son cœur se serra sous l'effet d'une émotion inconnue. Pourquoi n'était-elle pas satisfaite d'avoir été sa bienfaitrice ? Ainsi, elle ne lui avait donné que du courage... Intérieurement, son orgueil criait au scandale mais le visage de Judith gardait cette décontraction légendaire. Il se souvenait de son prénom, malgré les années, malgré son mensonge. Elle eut voulu poser sa main sur le poignet de Christian comme elle avait eu l'habitude sur son lit d'hôpital mais elle s'en garda,  l'égard de Liz. « Je suis heureuse d'avoir contribué à votre guérison, Christian. J'ai côtoyé beaucoup de soldats mais j'espérais vous avoir touché plus particulièrement. » C'était sincère tout en étant légèrement inférieur à ce qu'elle pensait véritablement. Elle voulait changer de sujet, oublier cette déception illégitime qu'elle venait de ressentir. « Vous vous en êtes sacrément bien sortis. Vous êtes bien plus élégant que sorti des champs. » Reprit-elle sur un ton plus enthousiaste. Elle faisait référence à son accoutrement, à cette prestance qui laissait deviner une réussite professionnelle. Comme une illustration de ses propos, Christian venait de croiser les jambes tout en posant sa main sur sa cuisse. Une grande main d'homme bien entretenue, richement ornée d'une alliance rutilante. Les yeux verts de Judith s'attardèrent une seconde sur le bijou. Il était bel et bien marié. Il paraissait heureux dans sa vie, que demander de plus qu'une femme aimante et une petite fille adorable ? Liz lui ressemblait-elle ? Nul trace du bracelet sur cet autre poignet. Cette fois-ci, ce fut de l'amertume qui naquit dans son ventre. Qu'attendait-elle au juste ? Que ses espoirs de gamine ne se réalisent comme par magie ? « Comment s'appelle-t-elle ? » Demanda-t-elle d'une voix plus lointaine, en anglais cette fois-ci pour garder de la distance. Malgré tout elle était curieuse, curieuse de tout connaître de lui depuis ce départ qu'elle pouvait encore revoir à la perfection. Dieu, cette barbe mal rasée, ses prunelles qui dégageaient de la fougue et un engagement passionné. Jamais elle ne perdrait cette image. Ses lèvres étaient toujours étirées en un joli sourire qu'elle ne quittait pas lorsque Christian était près d'elle tandis que ses yeux remontaient vers ceux de l'homme pour sonder son esprit.
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MessageSujet: Re: JUDITH & CHRISTIAN ▲ my saving grace   JUDITH & CHRISTIAN ▲ my saving grace EmptyMer 28 Aoû - 21:11

Quand bien même ces retrouvailles étaient susceptibles de réveiller d'anciens démons, tomber sur elle dans ce parc n'inspira que de la joie à Christian. C'est tout naturellement qu'il s'était approché d'elle pour l'aborder. Presque dix ans s'étaient écoulés depuis cette dure matinée de 1915, dix ans pendant lesquels Tsiporah et Christian avaient eu le temps d'évoluer, de se construire une vie d'adulte et tout ce que ça impliquait avec. Si le trentenaire l'avait quittée de ce camp de réfugiés avec un pincement au coeur digne d'un jeune vingtenaire, il la retrouvait dans ce parc en homme trentenaire changé, devenu plus responsable et moins hésitant qu'à l'époque. La guerre n'y était sans doute pas pour rien mais son travail de journaliste et sa relation avec sa femme Gladys y étaient encore moins étrangères... L'infirmière était alors devenue gouvernante d'un orphelinat. A cette révélation, Christian ouvrit grand ses yeux et haussa ses sourcils en signe d'admiration. Être au contact de tant d'enfants, chaque jour, lui n'en serait pas capable et c'est pourquoi sa réaction indiqua à Tsiporah tout le respect qu'il avait à son égard. « Vous pouvez être fière de vous, ce n'est pas donné à tout le monde de gérer autant d'enfants... Déjà un, ce n'est pas chose facile alors une centaine... » Dit-il en glissant un rapide coup d'oeil à Liz. Il lui adressa un sourire chaleureux, et si la fillette ne pouvait pas comprendre les mots employés par son père, elle pouvait néanmoins réaliser combien elle comptait pour lui, à en voir son regard paternel. Elle était loin d'être une fille difficile et pourtant, Gladys et Christian se demandaient souvent comment faire, comment lui donner la meilleure éducation possible, et comment moderniser celle-ci sans passer pour des parents trop laxistes. Car cette époque était bien une entre-deux, une période en pleine évolution où les parents changeaient leur façon de faire, au même titre que leurs valeurs inculquées... L'éducation de Christian représentait d'ailleurs bien cette transition des moeurs. Lui-même avait été partagé entre l'autorité à la fois stricte, juste et douce de son père et il dansait désormais sur les mêmes pieds avec sa propre fille. Sa fille ne serait pas une femme soumise, mais elle ne devrait pas être non plus délibérément rebelle, en tout cas du point de vue de son père. Toujours en français, Christian et son interlocutrice discutèrent de New-York. Jamais il n'aurait été penser qu'elle puisse quitter son pays d'origine et pourtant... Elle parla du rêve américain et il lui sourit tendrement. « Je ne suis pas sûr que le climat soit actuellement bien meilleur ici qu'en Europe dans le fond... mais ce pays était l'occasion de faire table rase et ce n'était pas rien pour l'époque. » Répondit-il pour ainsi conforter les dires de Tsiporah. Lui aussi avait succombé au rêve américain, à toute cette prospérité qu'il promettait, à ce libéralisme politique qui l'attirait tant, et tout simplement, à cette pensée de quitter un pays profondément dévasté par la guerre. Si un pays ne pouvait pas changer son ressenti face à toute cette atrocité, il lui permettait au moins de prendre de la distance par rapport à la terreur et à la tristesse. Après avoir demandé à Liz de s'en aller jouer, il invita la jeune femme à s'asseoir de nouveau sur ce banc. Elle fit la mention de l'accent américain, réputé pour être peu mâché. Rieur, Christian n'hésita pas à être honnête. « Du peu que j'ai entendu, vous commencez à avoir cet accent américain. Un peu. » Son rire s'adoucit et il la fixa droit dans les yeux avant de poursuivre. « Rassurez-vous, il y a encore une jolie... touche française. » Il ne savait pas vraiment comment dire ce qu'il pensait mais elle avait sans doute compris ce à quoi il faisait référence. Il choisit d'ailleurs ce moment pour la remercier de ce qu'elle lui avait apporté, au beau milieu d'une longue série de batailles toutes plus meurtrières les unes que les autres. Elle ne l'avait pas simplement soigné, non c'était bien plus que ça. C'était important pour lui de lui dire ce qu'il avait sur le coeur ; il désirait seulement qu'elle sache à quel point elle lui avait redonné de l'espoir. Car Christian savait bien que l'espoir était l'une des choses qui pouvaient permettre à un soldat de revenir vivant chez lui. Les paroles de la jeune femme le troublèrent légèrement, sans doute car une mine triste arborait son beau visage. Il aurait pu lui dire que c'était le cas, qu'elle l'avait touchée, énormément, mais elle reprit rapidement la parole. Christian afficha un faible sourire n'exprimant pas de la joie ni de la fierté mais bien une certaine amertume. « J'ai eu la chance que d'autres n'ont pas eu. C'est dur à dire, mais il s'agit bien de chance et de rien d'autre. » Sans la quitter du regard, le sourire de Christian se raviva légèrement. « Vous préférez sans doute cette allure à celle du soldat sale et blessé... Ce que je comprendrais. » Ses deux yeux clairs emprunts d'une mélancolie passagère fixèrent ceux plus enthousiaste de Tsiporah. Il aurait voulu lui dire qu'elle aussi avait changé. Qu'elle semblait plus forte mais surtout plus sûre d'elle. Les années et sa responsabilité de gouvernante devaient y être pour quelque chose, sans aucun doute... Sa beauté quant à elle n'avait pas changé. Christian se plaisait à apprécier le moindre détail de son visage comme il l'avait fait autrefois, sans penser que cela pouvait être gênant. Tous ces hommes devaient la regarder comme lui le faisait. Il s'était senti si ordinaire et à la fois si peu semblable aux autres grâce à ces mots qu'ils avaient échangés. Soudain, sa voix retentit et sa tête se redressa sous le coup de la surprise ; elle avait décidé de reparler anglais. Il suivit son regard et comprit qu'elle parlait de son alliance. Levant furtivement sa main, il sourit vaguement en fixant l'anneau. « Vous êtes observatrice. Elle s'appelle Gladys. » Doucement, son regard remonta vers sa fille, occupée à jouer à quelques pas d'eux. « Je l'ai rencontrée quelques mois avant de partir sur le front. Quand je suis revenu à Londres quatre ans après, Liz avait déjà plus de trois ans... Les premiers mois ont été difficiles mais il a pourtant fallu avancer, la stabilité de Liz en dépendait. » Le regard à moitié perdu devant lui, Christian repensa à toutes ces disputes, tous ces cauchemars d'après-guerre que lui et Gladys avaient du endurer. Il ne cessait de se dire que tout était de sa faute, qu'elle avait du subir son amour pour sa patrie avant celle qui lui était dédiée à elle, à eux deux. Comment pouvait-elle comprendre cet élan qui l'avait habité avant de partir à la guerre ? Comment pouvait-elle comprendre cette envie de se battre, quand bien même la mort serait une issue fort probable ? Et enfin, comment pouvait-elle comprendre, ou plutôt accepter que faire la rencontre d'un enfant trois ans après sa naissance n'avait rien de naturel ? Il n'avait pas eu neuf mois pour s'y faire, lui. Il n'avait même pas discuté enfants avec Gladys, alors comment pouvait-il être un bon père pour Liz ? Toutes ces interrogations, entre autres, avaient entrainé les deux époux dans un cycle infernal de disputes, de non-dits. Et six ans après son retour de guerre, il semblerait que la situation ne soit toujours pas complètement résolue. Gladys et Christian demeuraient parfois incompréhensibles l'un pour l'autre. La tête du grand Walden se retourna doucement vers celle de Tsiporah. Elle ne portait aucune alliance visiblement. « Qu'en est-il de vous ? Je ne vous vois pas d'alliance et pourtant, qui ne voudrait pas d'une séduisante femme comme vous, ambitieuse et aux mains de fée... ? »
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MessageSujet: Re: JUDITH & CHRISTIAN ▲ my saving grace   JUDITH & CHRISTIAN ▲ my saving grace EmptyJeu 29 Aoû - 17:08



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Le temps s'était arrêté. Judith aurait pu passer des heures aux côtés de cet homme inoubliable qu'elle aurait juré n'y avoir passé qu'une poignée de minutes. Elle retrouvait cette sensation si spéciale qu'elle avait trouvée lorsqu'elle l'avait soigné en cette année 1915. Elle buvait chacune de ses paroles même si certaines n'étaient pas aussi réjouissantes qu'elle ne l'aurait cru. Christian la félicitait du courage dont elle faisait preuve pour mener tous les jours d'une main de fer l'orphelinat de Brooklyn. Elle recevait souvent ce compliment et même si elle s'accordait à dire qu'elle aimait ce qu'elle faisait, ça n'était pas tous les jours une sinécure. Maintes fois elle avait été sujette à des crises de nerfs, enfermée dans sa dépendance loin des dortoirs des enfants. Elle ne supportait pas toujours cette vie à New York qui n'était pas si épanouissante qu'elle l'aurait espéré et parfois seul le réconfort des petits orphelins l'aidait à surmonter cet obstacle. Ils discutaient comme si jamais ils ne s'était quittés et pourtant, une décennie séparait cette rencontre de leur dernière étreinte. Elle se souvenait encore de l'audace dont elle avait fait preuve, de ce baiser volé ainsi que de ce cadeau en fin de compte plutôt égoïste. Elle avait espéré que jamais il ne l'oublie et c'était un souhait qui lui apparaissait aujourd'hui bien ridicule. Elle s'était enfermée dans cette bulle romanesque et romantique pour oublier l'environnement dangereux dans lequel elle avait baignée durant ces quatre ans de guerre mondiale. Oh la Grande Guerre elle portait bien son nom. Voilà plus de six ans qu'elle était terminée et elle se dressait encore menaçante et bien présente dans les rêves et les souvenirs de ses millions de gens. Fuir en Amérique n'avait pas atténué cette sensation désagréable, à son grand damne. Christian aussi soutenait l'hypothèse que ce continent aussi avait fait les frais du climat de tensions européennes et elle ne pouvait qu'acquiescer silencieusement, triste qu'il n'ait raison. Faire table rase, ça aussi elle y avait naïvement cru. Et malgré tout, il se tenait là avec son élégance irrésistible, lui, le principal élément de ce passé ambigu. Désormais, elle craignait plus que tout qu'à son tour la Tsiporah qui sommeillait en elle ne se retrouve face à un mur infranchissable. L'air s'allégea quelque peu lorsqu'il sous-entendait avec malice qu'elle héritait lentement de cet accent si américain. Théâtralement, elle s'offusqua, une main sur la poitrine. Mais avant qu'elle ne puisse protester, elle fut rassurée d'avoir gardé ce délicat accent qu'elle chérissait tant. Elle admira une seconde ses yeux rieurs et ensuite se laissa aller au même humour. « C'est l'Amérique qui vous a appris comment vous rattraper auprès d'une femme ? » Déclara-t-elle ironiquement avant de laisser échapper un rire spontané. C'était affolant comme il provoquait en elles mille émotions paradoxales, comment il savait éveiller ses instincts d'antan tout en la laissant méfiante à l'égard des autres. L'ombre d'un instant elle s'était revue en France, là où elle se permettait de vivre comme bon lui semblait, de rire et d'exister sans craindre le lendemain. Après tout, il n'y a pas si longtemps, personne ne savait si un lendemain serait. Judith resta interdite à ses remerciements. Certains l'avaient remercié de leur avoir sauvé la vie, d'autres de s'être senti exister malgré leur condition parfois handicapante. Mais les mots de Christian trouvèrent directement leur chemin jusqu'au cœur de Tsiporah, l'enveloppant d'un voile réchauffant mais fragile. Peut-être avait-elle imaginé avoir eu un effet tout autre sur lui mais elle se garda d'en parler, préférant la modestie de rigueur. Elle évoqua son apparence qui s'était grandement améliorée depuis qu'il avait fait carrière sur ce riche continent. Elle l'imaginait avocat, homme d'affaires, peut-être chef d'une petite entreprise qui s'implantait rapidement dans tous les États. Selon elle, il avait toujours été né et fait pour le pouvoir et l'importance. « Croyez-moi, la sueur d'un homme dans son devoir est souvent plus désirable que les mains immaculés des délégateurs. » Et Dieu que les américains aimaient déléguer pour ne récolter que les fruits du labeur des autres. A plusieurs reprises, elle s'en était outrée, parfois publiquement mais elle n'avait mérité que le mépris de mâles égocentriques et libéraux froissés par la dure vérité sortie de la bouche d'une femme.
C'est alors que l'anneau à son annulaire avait capté son attention. Il était difficile de passer à côté d'un tel détail. Bien des femmes avaient du être déçue de voir un aussi bon – et beau – parti leur filer entre les doigts. Les américaines n'avaient pas froid aux yeux, elles lui rappelaient les parisiennes sur cette particularité. Son épouse devait fièrement se promener aux côtés de son mari, tout en tenant jalousement son bras. C'est tout du moins la réaction qu'elle aurait elle-même eue, d'ordinaire jalouse comme une tigresse. La curiosité malsaine de Judith la poussa à demander son prénom. Elle avait besoin de mettre un nom sur cette chanceuse, avec l'espoir de ne jamais l'avoir rencontrée. Gladys. Ce patronyme respirait la richesse et la beauté et elle ne commenta point cette réponse. La jeune femme suivit le regard de l'homme jusqu'à Liz tandis qu'il racontait une anecdote surprenante de leur famille. Ainsi, elle était déjà enceinte lorsqu'il était parti sur le front. Ils s'aimaient déjà et elle portait déjà le fruit de leur amour consommé alors qu'il risquait sa vie pour le bien-être des français. Elle eut soudain l'amère certitude qu'elle avait été trahi par ses propres impressions. Dupée quant à ce qu'elle avait pu ressentir qui aujourd'hui se réveillait aussi frais que la veille. Ses mains jointes sur ses cuisses à demi-nues, ses doigts se nouaient et se dénouaient nerveusement. Placidement, elle lui dit : « C'est une réaction fort normale, j'imagine. Mais Liz semble être une petite fille très à l'aise avec ce qui l'entoure. Ca doit vouloir dire que vous êtes un bon père. » Avait-elle essayé de le rassurer. Elle avait perçu cette légère hésitation, ce trouble de savoir s'il avait fait les bons choix. Et si Judith ne désirait pas s'immiscer dans sa vie privée, elle avait au moins tenté de lui faire comprendre. Christian s'était contenté de rebondir sur son propre cas, lui demandant quelle était sa situation en tant que femme. Elle avait bien eu quelques relations éphémères et passionnées depuis, dont une qui s'était terminée très récemment mais elle avait toujours trouvé une faille irrémédiable. Parfois le goût était fade, parfois trop brûlant. Et puis bien sûr, elle n'était toujours pas mariée. Gênée, elle passa une main dans ses grosses boucles brunes. « Je suis communément de ce qu'on appelle une vieille fille. » Elle lâcha un rire sardonique pour signifier cependant qu'elle se moquait plutôt de l'opinion des autres. « Je n'ai pas trouvé l'homme qu'il fallait. Je ne veux pas me marier par obligation. Je suis peut-être trop difficile mais je cherche l'amour, pas le devoir. » Elle avait dit cela sur un ton plutôt dur pour montrer sa détermination à ne pas être qu'un parti, qu'une union de deux patrimoines. Judith se souvint brutalement des quelques flatteries glissées dans sa question et elle lui donna un faible coup d'épaule pour le troubler. « Ne dites pas de bêtises. Je suis néanmoins d'accord. Vous n'auriez pas trouvé d'infirmière plus délicate pour soigner cette forte épaule. » Elle posa sa main furtivement sur la dite épaule, se souvenant du frisson qui l'avait parcourue la première fois qu'elle avait voulu panser sa blessure. Quand elle repéra le regard curieux de Liz, elle reposa hâtivement sa main à sa place initiale. « Peut-être devrais-je vous laisser avec votre fille. J'ai un rendez-vous avec un commerçant du coin, pour l'orphelinat. »
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MessageSujet: Re: JUDITH & CHRISTIAN ▲ my saving grace   JUDITH & CHRISTIAN ▲ my saving grace EmptySam 31 Aoû - 1:51

La situation des femmes au début du vingtième siècle était encore victime de bien des stéréotypes et surtout du masochisme de beaucoup d'hommes. Si le père de Christian lui avait montré l'image d'un homme tolérant et ouvert aux opinions divergentes, il lui avait aussi montré par bien des manières que les hommes restaient supérieurs, quoi qu'on en dise. Il y avait sa mère qui s'était faite à cette vie, à cette place dans la vie de son époux. Et d'une autre part, il y avait la soeur de Christian, autrement dit la cadette Walden, qui elle n'avait eu de cesse de se rebeller, d'ajouter son grain de sel partout. Christian se souvenait bien des discussions qu'ils avaient eu elle, l'ainé Thomas et lui. Elle était une passionnée, la première sans doute qui lui avait montré que les femmes pouvaient autant avoir leur mot à dire sur n'importe quel sujet, qu'il soit à propos de l'éducation des enfants ou même des décisions de l'Etat. Car Christian était rarement en désaccord avec sa soeur et que voir sa mère à ce point soumise à un homme le dégoutait presque. C'est après cette guerre et à son arrivée en Amérique que Christian avait mis un point d'honneur à aider la cause féministe. Le fait que Gladys soit une fervente défenseuse de la cause des femmes l'avait certainement aidé à se positionner, bien évidemment... Quoi qu'il en soit, si le jeune trentenaire savait aujourd'hui parler aux femmes, c'était sûrement en partie grâce à ces piliers féminins de sa vie. Il avait appris que les femmes étaient intéressantes et même passionnantes, parfois bien plus qu'un homme. Et s'il était fidèle à son épouse, il ne fallait cependant pas douter qu'il adorait la compagnie des femmes, synonyme pour lui de fraicheur, d'amusement, de légèreté. Avant Gladys, il y avait bien eu deux ou trois jeunes filles avec qui Christian avait flirté plus ou moins longtemps et sérieusement. Mais Gladys avait bien été la seule à qui il avait donné son coeur. Bien sûr, dix années de mariage pour un homme comme Christian pouvaient avoir un goût amer. Et si parfois il se laissait aller à quelques regards séducteurs discrets ou quelques danses plus osées, jamais il n'aurait pu franchir les limites. Alors son regard rieur se posa sur Tsiporah à sa question. « Détrompez-vous, l'Angleterre l'apprend aussi bien. Tout autant que la France apprend aux femmes à être si élégantes et raffinées. » Il espérait l'avoir touchée sur ces paroles. Quoi qu'il en soit, il se dit à ce moment-là que le rire de la jeune femme valait de l'or. Jamais il ne l'avait vue rire de cette manière. Si librement, si ouvertement. Elle était belle et il était captivé par elle. Quand ils évoquèrent son apparence physique, Christian fut de suite replongé sur le front, dans sa tenue de soldat. Il y a encore quelques années, cette simple pensée aurait pu lui donner des frissons en repensant au froid, à la douleur, à la crasse, aux coups de feu, à tout ce que cette tenue lui inspirait en réalité. Il n'y avait rien d'agréable là-dedans, et pourtant Tsiporah lui donna une image de lui qui était presque trop belle pour ce qu'il en avait vraiment été. Avec du recul, il pouvait comprendre. Du temps était passé depuis ces quatre années de guerre. Du temps pour reprendre ses esprits, du temps pour être endeuillé, du temps pour en vouloir à la Terre entière, du temps pour réfléchir. Finalement, Christian adressa un tendre sourire à la brunette. « Peut-être avez-vous raison, même si je doute avoir été désirable à l'époque... Nous n'étions pas des héros, vous savez, quoi que les gens en disent. J'ai fait mon devoir, mais au final le résultat reste que j'ai tué d'autres hommes. Tous n'étaient pas des monstres, j'en suis persuadé. » Et tout ça selon lui ne pouvait le rendre désirable. Le nazisme n'était toujours pas mort, qui plus est, alors de quoi pouvait-il être réellement fier ? Un éternel questionnement, sur lequel Christian n'allait cependant pas s'éterniser ce jour-là, trop intéressé par Tsiporah. Cependant, c'est sur sa famille qu'il fut bientôt interrogé, par le biais de son alliance. Parce qu'il était à l'aise et parce qu'un sentiment intérieur profond l'incitait à se confier, Christian fit part sommairement de sa rencontre avec Gladys, de son mariage, de l'arrivée de Liz. Tout fut résumé en quelques phrases qu'il énonça, le regard à moitié perdu avant le reposer sur son interlocutrice. Décidément, elle lui faisait part d'un nouveau compliment qui réchauffait à nouveau le coeur du grand brun. « J'espère l'être. Cela dit, je ne suis pas particulièrement pressé de la voir grandir. Quelque chose me dit qu'elle sera rebelle et fougueuse. Elle a toujours son mot à dire sur tout, à tel point que c'est fatigant. Attendons de voir si je devrai me réjouir ou non de ça... » Des adjectifs qui caractérisaient aussi Gladys en soi. Mais en plus de ça, Liz aurait sûrement l'approbation silencieuse de son père pour s'affranchir et s'épanouir comme une femme moderne et sûre d'elle. Cela lui faisait peur d'une certaine manière, mais il ne voyait pas l'avenir de sa fille autrement. Ramenant son attention sur Tsiporah, Christian chercha à savoir si son coeur était pris. Sa réponse l'étonna vraiment et il ne s'en cacha pas. Néanmoins, elle lui donna des arguments convaincants. Bien sûr, il le savait depuis longtemps qu'elle était une femme de coeur. « Vous n'êtes pas difficile Tsiporah. Attendez donc de trouver le bon, ce n'est plus un luxe et vous méritez d'être heureuse. Nous nous précipitons souvent trop vite dans les filets du mariage. » Dit-il doucement sans quitter son regard, avant de l'entendre plaisanter sur son épaule autrefois blessée. La main de la jeune femme se posa furtivement sur ladite épaule qui n'était plus marquée que d'une légère cicatrice avant de se retirer aussi vite. Liz avait tourné sa tête vers eux et Christian croisa son regard curieux. A quoi pouvait-elle bien penser ? Cette enfant était un mystère ambulant parfois et même son père n'avait pas la clé pour la sonder. Ce qui était cependant sûr, c'est que Tsiporah était une énigme pour elle, à juste titre. La voix de la jeune femme retentit à nouveau et attira le regard de Christian sur elle. Il aurait pu rester des heures à discuter avec elle, comme autrefois. Mais la réalité revenait au galop et lui aussi ne devait peut-être pas rester en sa compagnie trop longtemps, au risque d'éveiller des soupçons ou tout simplement de gâcher la sortie de Liz. Il savait que cette dernière ne lui en voudrait pas ouvertement, mais Gladys n'avait de cesse de rappeler à Christian que ces sorties étaient sacrées pour la fillette. « Je ne vais pas vous retenir alors, vous devriez aller à votre rendez-vous. Les enfants avant tout, n'est-ce pas ? » Suite à un clin d'oeil, ils se levèrent et leurs regards se croisèrent un petit instant, silencieusement. C'est Christian qui brisa ce silence. « Cela m'a fait plaisir de vous retrouver. Je ne vous ai jamais oubliée, Tsiporah. » Comment aurait-il pu ? Sa présence l'avait sauvé. « Vous devriez m'écrire l'adresse de votre orphelinat, et j'y passerai un jour. Qu'en dites-vous ? » Demanda-t-il finalement sur un ton à la fois professionnel et affectueux.
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MessageSujet: Re: JUDITH & CHRISTIAN ▲ my saving grace   JUDITH & CHRISTIAN ▲ my saving grace EmptyDim 1 Sep - 11:37



my saving grace.

Judith oubliait presque où elle se trouvait, ses responsabilités et sa retenue. Depuis qu'elle était venue ici par Ellis Island, elle avait fait de cette devise ''vivons heureux, vivons cachés'' son principal chemin de vie. Autrefois en France, elle n'avait pas eu besoin de tous ces mensonges qu'elle devait parfois commettre auprès des rares amis qu'elle s'était fait ici. Mais n'était-ce pas cette insouciance qui l'avait finalement poussée à quitter Paris ? Si jamais son père se décidait un jour à faire sa réapparition, elle s'était juré de quitter les États-Unis et de revenir dans sa douce France. Là où les apparences n'étaient pas si importantes, elle se sentait plus libre. Toutefois Christian changeait la donne. Sachant qu'il habitait ici maintenant, trouverait-elle le courage de nouveaux adieux pour ne plus jamais le revoir ? Il avait construit une vie ici, une carrière et une famille. Peut-être que la revoir n'éveillait que de vagues souvenirs qu'il avait lui aussi fuis... Sans le savoir, il chamboulait toutes ses maigres certitude et c'était bien ça le plus embarrassant pour une jeune femme qui avait toujours cru tout maîtriser. Il faisait preuve d'une grande galanterie et elle lui découvrait un petit côté charmeur qui était certainement propre à son éducation britannique. Judith prit un air faussement vaniteux avant de déclarer d'une voix mielleuse : « Et bien je suis heureuse de contribuer aux clichés de la France. » Après tout, ce pays avait toujours été réputé pour leurs femmes raffinées et peu farouches. On avait toujours trouvé un grain de folie chez les françaises et la jeune femme se délectait toujours de telles opinions. Elle n'avait jamais été honteuse de son accent européen, ni de révéler d'où elle venait. C'était des choses bien plus personnelles qui lui causaient souci. Elle venait de dépeindre auprès du père de famille une image qu'elle avait eue des soldats du haut de ses dix-neuf ans à laquelle Christian semblait avoir du mal à croire. En tant que principales victimes de la suprématie allemande, la population avait toujours été reconnaissante et admirative des militaires étrangers qui étaient venus risquer leur vie pour préserver l'expansion d'une guerre jusque dans leur nation. Elle se souvenait des regards brillants d'émotion des enfants lorsqu'ils débarquaient dans un village pour trouver un peu de repos ; l'honneur que ressentaient les femmes de pouvoir leur servir un repas chaud et les requinquer pour le lendemain. Elle-même n'avait pas hésité à donner de sa personne pour que chacun rentre chez soi sain et sauf même si elle avait du faire face à des morts tragiques. Oh oui, elle était bien plus appréciative des hommes qui se salissaient les mains pour leurs valeurs plutôt que les homme pompeux en costume qui pensaient que claquer des doigts était le seul effort à fournir pour obtenir ce qu'on désirait. « Vous avez contribué à enliser un idéal qui promettait des millions de morts et de malheureux à l'avenir. Vous avez participé à laisser notre pays libre un peu plus longtemps. Ca me semble suffisant. » Si les années folles visaient à profiter des années perdues dans la guerre, Judith faisait partie des personnes qui n'y croyaient pas à long terme et qui craignaient un peu plus chaque jour de retomber dans l'horreur.
Alors qu'elle n'avait pu manquer l'alliance qui trônait à son doigt, Judith avait pris le risque de l'interroger à propos de son épouse. Ca n'était pas son sujet de discussion favori à vrai dire, plus il parlait d'elle et de sa famille parfaite, plus elle se demandait quelle mouche l'avait piquée. Il fallait se rendre à l'évidence : elle n'appréciait pas de retrouver un homme marié à la place du soldat qu'elle avait soutenue. Quant aux raisons qui motivaient ce sentiment, elle ne souhaitait les explorer. Judith lança un sourire attendri à Liz tandis que Christian évoquait le futur caractère de sa petite fille. Elle espérait qu'elle ne garde cette impétuosité cependant respectueuse. Elle-même jusqu'à sa majorité avait été dite fringante et espiègle puis les événements de la vie vous changeaient une personnalité. « Dans des temps tel que celui que nous vivons, il est peut-être bon d'être rebelle. Elle trouvera une place qui lui convient, je n'en doute pas. Puis elle a déjà les mots pour amadouer. » Dit-elle en évoquant l'instant où elle l'avait comparée à sa jolie poupée. Puis l'homme lui retourna la question et la gouvernante hésita un instant à ne pas feindre d'être outrée. On ne demandait pas à une femme si elle était célibataire, du moins pas sans y mettre les formes ! Mais elle ne lui en tint pas rigueur, expliquant qu'elle préférait un mariage d'amour à un mariage d'honneur. Tant pis si elle atteignait la trentaine seule, elle choisissait de profiter de l'amour et de ce que la passion avait à lui offrir. « On ne laisse pas de tels sous-entendus. La corde au cou vous sied à merveille. » Le rassura-t-elle. En même temps, elle tentait de se convaincre elle-même de ces dernières paroles. Judith aurait pu continuer comme ça durant des heures, redevenir Tsiporah malgré elle sans craindre le regard accusateur. Elle aimait la façon dont il l'observait, cette lueur tendre qu'elle décelait dans ses iris parce qu'elle avait sans doute contribué à sa survie. Elle se sentait à la fois soulagée et troublée d'être assise à ses côtés, libérée et craintive de se jeter à corps perdu dans le passé. Face à tant de contradictions, elle éprouva soudain le besoin de revenir sur terre. Il fallait qu'elle digère la nouvelle, qu'elle se fasse au nouveau Christian qu'elle avait rencontrée. Puis Liz regardait de plus en plus par ici, sans doute que son père lui manquait et qu'elle se sentait exclue de devoir ainsi jouer seule dans son coin. Judith décida alors qu'il était temps de prendre congé. L'anglais ne la retint point et une fois de plus, en était-elle satisfaite ou non ? « Pas avant tout, mais ils passent devant beaucoup de choses en effet. » Elle lui retourna le clin d'oeil. Si elle se tuait à la tâche, elle n'effaçait pas sa vie personnelle au profit du développement des enfants, sinon c'était la voie vers la dépression. Ils se levèrent simultanément et un bref silence s'imposa entre eux. Pourquoi diable était-ce si étrange, si différent de tout ? Un frisson voluptueux s'empara d'elle quand il l'appela Tsiporah. C'était si bon. Elle posa sa main sur son avant-bras comme si elle lui révélait un secret. « Officiellement, je me fais appeler Judith. Vous êtes le seul qui puisse employer mon prénom. » Murmura-t-elle avec un sourire. Elle ne tenait pas à ce qu'il fasse d'erreur et engendre un quiproquo qui pourrait menacer son job. « Bonne idée ! » S'exclama-t-elle en sortant un stylo à plume de son sac ainsi qu'un mouchoir. Elle se servit de son livre comme d'une surface dure et plane et griffonna à la hâte l'adresse de l'établissement. Elle lui tendit alors le mouchoir tout en contemplant une dernière fois ses yeux si expressifs. Elle se rendit compte qu'il lui tardait déjà de le revoir. « J'attends votre visite avec impatience. » Ayant tout compris, Liz bondit sur ses pieds et rejoignit les deux adultes. Judith s'abaissa à la hauteur de la petite fille et déposa un baiser sur sa joue joufflue. « A bientôt Liz. Prends soin de Sophie. Les françaises ont besoin d'attention. » Elle leva ses yeux verts vers Christian comme dans un échange silencieux puis se redressa. Elle tourna finalement les talons, se dirigeant dans une démarche assurée vers les rues commerçantes.

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