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Robert L. Svensmann
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MessageSujet: Blurred lines   Blurred lines EmptyJeu 28 Aoû - 19:36

alice & robert
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Bienvenue dans le merveilleux sujet de Robert L. Svensmann qui va avoir l'honneur d'avoir comme partenaire Alice Pond. Pour leur sujet, ils autorisent l'intervention d'un PNJ inoffensif qui pimenterait le rp et ils interdisent l'intervention de membres extérieurs qui passeraient par là. Ne sont-ce pas là des choix merveilleux ? L’histoire se déroule le jeudi à minuit alors que la météo est invisible. À présent, il est temps de laisser la parole au créateur du sujet : Allez lire, bande de flemmards :p.


Robert L. Svensmann
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MessageSujet: Re: Blurred lines   Blurred lines EmptyJeu 28 Aoû - 19:41

Alice ∞ Robert
If you can't hear what I'm trying to say, if you can't read from the same page. Maybe I'm going deaf, maybe I'm going blind, maybe I'm out of my mind. Can't let it get passed me. You're far from plastic. Talk about getting blasted, I hate these blurred lines
Sa soirée était déjà bien entamée, tout comme lui. Son regard couleur de ténèbres se promenait sur une foule qui, de temps en temps, devenait floue. Il lui adressa un sourire vague avant de porter de nouveau son verre à ses lèvres. Sur la table, devant lui, se trouvait une bouteille de whisky aux trois-quart vide et le carnet qu'il avait constamment avec lui. Son crayon gisait lamentablement un peu plus loin. Solitaire, lui aussi.
Les sons lui parvenaient avec une confusion et une distance incroyables. De toute manière, il ne cherchait pas non plus à faire des efforts pour comprendre. Non, de toute façon, Robert était une cause perdue depuis son premier jour sur terre. Vouloir le sauver à tout prix relevait de l'Utopie. Ou d'une sale obstination, bien ancrée. Il avait maintes fois tenté de se sortir de ce cercle vicieux qui le consumait à petit feu, mais, autant se l'avouer, il n'en avait jamais vraiment eu l'ambition. Car, quoiqu'il faisait, il lui arrivait toujours quelque chose qui annihilait ses efforts et démolissait sa volonté. Il n'avait pas trouvé ce petit quelque chose qui lui donnerait envie de se battre.
De s'en sortir.
Il étouffait. Cette foule, elle l'oppressait. Allemagne. Guerre. Cendres. Famille. Oppression. Ça bourdonnait dans sa tête, ça bourdonnait à ses oreilles. Il avait l'impression d'avoir tous les regards braqués sur lui alors qu'en réalité, c'était un fantôme parmi les vivants. Il avait l'impression qu'on riait de lui. Il entendait ces rires muets s'étrangler dans les gorges, il sentait ces mots qui lui entaillaient la peau et entachaient son cœur. Ça gouttait sur ses yeux et dégringolait à ses pieds. Ça rebondissait sur ses épaules, heurtait sa tête avec un fracas assourdissant. Oppression. Rires. Bourdonnements. Famille. Foule. Alcool.
Soudainement, il se leva. La pièce tournait dangereusement autour de lui. Ses mains agrippèrent le dossier de la banquette. Sa respiration s'altéra. Il avait soudainement chaud. Très chaud. Peut-être un peu trop. Quand il se sentit prêt, et surtout quand sa main arriverait à se décrisper du dossier de la banquette, il se rua, non sans bousculer du monde sur son passage, au dehors du bar, là où l'air frais pourrait le submerger et calmer sa crise de panique soudaine. Une agoraphobie qui s'emparait de lui quand ses défenses étaient plus basses que terre.
L'écrivain s'appuya lourdement contre un mur et laissa sa tête aller contre ce dernier. Ses paupières se fermèrent sur les ténèbres de ses yeux. La bouche grande ouverte, il inspirait et expirait avec toute la force et la conviction qu'il pouvait y mettre. Comme pour rester en vie. Dès qu'il envisageait de bouger la tête, ne serait-ce que d'un millimètre, c'est comme si dans son crâne tout allait lentement alors qu'au dehors tout allait trop rapidement. Un paradoxe. Et, comme si une protection invisible s'abattait sur lui, l'homme se coupa du monde. Plus personne n'existait, plus aucun son ne pouvait être entendu. Il se retrouvait emprisonné dans sa propre bulle sécuritaire. Respire, Robert. Respire. Une deux, une deux. Oppression. Cendres. Allemagne. Respire.
De longues minutes durant, il était cette statue, accolée à un mur, éculée. Une fatigue qui se peignait sur son visage. Comme des rides à jamais marquées. Seule sa propre respiration, désormais plus calme et plus modérée, trahissait l'once de vie qui l'habitait. Il rouvrit les yeux qui s'habituèrent avec difficulté à la nuit environnante. Il se passa une main sur le visage, puis dans les cheveux. Courage. Bravoure. Il s'adressa un sourire faiblard et se redressa. Ne sois plus ce fuyard, Robert. Robert le couard n'existe plus, ne l'oublie pas ! Ses pieds s'emmêlèrent et il faillit se casser la figure par terre. Par automatisme, sa main se rattrapa à une gouttière. Il ne tomberait pas. Pas cette fois-ci. Sa stature se redressa, encore une fois. Et, de nouveau, il pénétra dans le bar.
Il entendit toujours ce bourdonnement. Il voyait toujours une foule floue. Mais il réussissait désormais à distinguer des silhouettes, à distinguer avec une clarté translucide les couleurs des vêtements. La chanson qu'une serveuse chantait lui parvenait aux oreilles, avec une douceur incomparable. Et une netteté éblouissante. Instinctivement, il retrouva sa place, celle qu'il occupait à chaque fois qu'il venait ici. La bouteille de whisky était toujours là, son carnet était toujours en place, comme son crayon et son verre. Il contourna avec sa lourdeur habituelle les quelques badauds qui le séparaient encore de son précieux butin. Il se rassit sur sa banquette et engloutit en quelques secondes les restes d'alcool présents dans son verre.
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Dernière édition par Robert L. Svensmann le Sam 30 Aoû - 20:58, édité 2 fois
Alice Pond
Alice Pond
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MessageSujet: Re: Blurred lines   Blurred lines EmptyVen 29 Aoû - 16:31


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Sometimes I’m terrified of my heart; of its constant hunger for whatever it is it wants. The way it stops and starts. › edgar allan poe.


Elle poussa un profond soupir, accoudée sur la table chargée de verres vides, avant de bailler sans la moindre retenue. Bien peu convenable pour une jeune demoiselle se trouvant en public. Mais honnêtement, qui s’en serait soucié ? Certainement pas son cavalier d’un soir. Elle tourna la tête vers le jeune homme tandis qu’il éclatait d’un rire gras et imbibé d’alcool à une plaisanterie que venait de faire l’un de ses amis, plaisanterie dont elle n’avait pas compris la teneur et dont elle se moquait d’ailleurs éperdument. La soirée avait définitivement pris une tournure fort désagréable. Pourtant, tout avait bien commencé. Peter était un gentil garçon, du moins à ce qu’il lui avait semblé. Il était le nouveau distributeur du courrier du journal, elle avait donc été amenée à le voir souvent. Il avait rapidement paru bien l’aimer et avait fini par l’inviter au cinéma, ce qu’elle avait accepté. Elle n’était pas certaine que les choses puissent devenir très sérieuses entre eux, mais il était toujours agréable d’être courtisée et d’avoir l’occasion de sortir un peu. Une semaine plus tard, il l’avait invitée à danser et lui avait ensuite proposé de terminer la soirée ici. Elle s’était demandée pourquoi il l’amenait dans un restaurant, avant de comprendre ce que celui-ci cachait en réalité, et elle n’avait nullement rechigné, bien au contraire. Elle n’était pas aussi sage que son apparence le laissait supposer et fréquenter un bar clandestin ne l’ennuyait pas le moins du monde.

Les choses avaient plutôt bien commencé, oui, du moins jusqu’au moment où Peter retrouva plusieurs de ses connaissances assis à une table. La soirée avait défilé au rythme des verres, soit de manière très lente pour Alice, qui avait peu à peu senti celle-ci se transformer en cauchemar. Ils parlaient, et riaient de plus en plus fort, si bien qu’elle ne s’amusait plus depuis longtemps. Le jeune homme ne semblait pas même se rendre compte de l’inconfort dans lequel se trouvait la demoiselle. A vrai dire, elle aurait tout aussi bien pu disparaître qu’il ne s’en serait certainement pas aperçu, trop préoccupé par les propos douteux de ses amis, l’alcool qu’il ingurgitait, ainsi que les jeunes femmes qui les avaient accompagnés et semblaient avoir été extirpées d’une ruelle douteuse. Tandis qu’elle se promettait intérieurement qu’on ne l’y reprendrait plus, elle se demanda quelle heure il pouvait bien être. Tard, sans doute. Ne possédant pas de montre, elle ne pouvait le vérifier et si Peter en avait une, il ne parviendrait probablement pas à en lire les chiffres. Elle retira son coude et constata avec un léger dégoût que la surface de la table était enduite d’une substance collante non identifiée. Puis, elle se tourna vers son cavalier d’un soir, exaspérée. « Pourriez-vous me raccompagner ? Je suis fatiguée. » Elle ne fut pas certaine qu’il l’ait bien entendue, jusqu’à ce qu’il se tourne vers elle et la regarde comme si elle avait été une mouche lui tournant autour de manière un peu trop agaçante. « Plus tard ! On s’amuse, là, non ? » Non elle ne s’amusait absolument pas, et elle ne se priva pas de montrer pleinement son mécontentement. « Très bien. » Elle empoigna son sac et se leva, prête à quitter cet endroit. Elle rentrerait seule s’il le fallait, et tant pis pour le tueur qui courait les rues en ce moment. A choisir, à ce moment précis elle préférait encore l’affronter.

Elle allait quitter les lieux lorsqu’elle aperçut une silhouette enfoncée sur une banquette qui ne lui était pas inconnue, et pour cause. Robert Svensmann louait une chambre dans la même maison qu’elle. Elle n’avait que peu eu l’occasion de le croiser, mais savait qu’il était écrivain et avait pu deviner qu’il était peut-être un peu trop porté sur la bouteille. Elle ne s’attendait pas à le retrouver ici, mais à vrai dire, il n’était pas étonnant qu’il fréquente ce genre d’endroit. Sans réaliser qu’il n’aimerait peut-être pas qu’elle l’aborde en un tel endroit, alors qu’il se trouvait seul face à une bouteille, elle arriva avec son sourire et ses gros sabots. « Mr Svensmann ! Vous me reconnaissez ? Je suis Alice Pond, je loge dans la même maison et... » Elle s’interrompit, ayant la nette impression qu’il ne suivait pas tout à fait ce qu’elle était en train de lui dire. Brusquement inquiète, elle s’approcha et se glissa sur la banquette auprès de lui. « Vous... vous allez bien ? » Elle lui toucha le bras, mais osa à peine insister de peur qu’il bascule sur le côté. Jetant un oeil sur la table, elle avisa la bouteille qui trônait encore fièrement, visiblement plein de promesses pour cet homme qui ne parvenait pas à lui résister. Doucement, elle l’écarta et la fit glisser hors de sa portée. « Peut-être que vous en avez eu assez, hein ? » Elle était incapable de savoir comment agir. Le plus simple eut été de s’en aller et de rentrer chez elle. Après tout, elle ne le connaissait pas, que lui devait-elle ? Et pourtant, c’était bien loin de sa manière de penser. Maintenant qu’elle l’avait trouvé dans cette position, elle se sentait en quelques sortes responsable de lui et de ce qui pouvait lui arriver. « Voulez vous que je fasse appeler quelqu’un qui pourra venir vous chercher ? » Elle tentait de parler lentement et distinctement, espérant qu’il percevrait le sens et la teneur de ses paroles, tout en essayant de lui arracher son verre des mains.
ALASKA


Dernière édition par Alice Pond le Mar 2 Sep - 0:21, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Blurred lines   Blurred lines EmptyDim 31 Aoû - 0:36

Alice ∞ Robert
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L'homme tenait son verre vide encore entre ses doigts. Il le faisait tourner, par pur automatisme. Il le faisait toujours, qu'il y ait de l'alcool ou un trop plein d'air. Ça l'aidait peut-être à remettre un semblant d'ordre dans ses pensées qui tournoyaient toujours à vive allure dedans sa tête ? Il n'en savait que trop rien et, à vrai dire, il n'avait pas le cœur à se livrer à des interprétations diverses. De toute façon, il n'en tiendrait pas compte, alors à quoi bon ? Son regard se perdait dans les ultimes gouttes de liquide ambré qui stagnaient au fond du verre. Elles refusaient de glisser avec les autres, de venir s'échouer contre la barrière de ses dents blanches, de se glisser le long de son œsophage et de satisfaire son estomac qui ne demandait qu'à ce qu'on le remplisse.
Son esprit quant à lui glissait lentement vers des rivages qui lui semblaient plus appropriés. Il était prêt à s'effondrer sur cette table et fermer les yeux. Après tout, on avait l'habitude de le voir à un moment ou à un autre de la soirée s'étendre sur la table et fermer les yeux « pour quelques instants ». Il était tellement tenté de se laisser aller, de se prendre dans ce doux vertige qui embrumait son être. Et peut-être être transporté dans un univers qui lui seyait mieux ? Il espérait échapper à cette réalité, s'enfuir avec son imagination. Bras dessus bras dessous avec ses personnages. Une échappatoire parmi tant d'autres. Motivée par l'alcool et sa dépression chronique.
L'écrivain sentait une présence près de lui. Enfin, il y en avait partout autour de lui, mais cette présence… C'était comme si elle était insistance. Comme si, pour une fois, on faisait attention à lui. Hallucinait-il déjà ? Il ne savait pas. Il était tenté d'ignorer cette présence et cette voix qui l'interpellait. Mais, sans qu'il puisse réellement se contrôler, son visage fatigué se tourna vers cette présence. Ses yeux essayèrent de reconnaître le visage, d'y mettre un nom. Pourtant, il était persuadé qu'il s'agissait d'une femme. La femme sans visage. Comme ses personnages au début. Floue. Elle était floue. Il cligna plusieurs fois des yeux avant de se détourner d'elle et de se pincer l'arrête du nez avant de se passer une main sur le visage, en insistant sur ses paupières qui s'étaient fermées entre deux. Il essaya de répondre, mais il ne réussit qu'à pousser un drôle de grognement. Il attrapa la bouteille de whisky et s'en servit de nouveau un verre.
Comme quelques minutes auparavant, Robert se retira dans sa propre bulle de sécurité. Il se sentait menacé. Elle allait se moquer de lui – ou faire comme tous les autres, lui adresser des remarques qui le blesseraient. L'entailleraient profondément jusqu'à lui briser les os. Lui réduiraient le cerveau en bouillie. Son alter ego, aussi bas que terre, enfoui à des profondeurs abyssales. Oublié. Blessé. Enterré vivant. Sa main porta machinalement le verre à ses lèvres. La force de l'alcool le heurta de nouveau de plein fouet. Mais maintenant, il était habitué à sa violence divine. La femme sans visage s'installa sur la banquette à ses côtés. L'écrivain eut un court moment de malaise, où il se décala quelque peu. La proximité avec la gente féminine le dérangeait toujours un peu. Comment devait-il réellement se comporter avec elle ? Il ne le savait pas. A vrai dire, sa première expérience remontait à des années auparavant et cela avait fini par devenir confus dans sa tête. Dans sa vie, les présences féminines s'étaient toujours échinées à en faire de lui le gars qu'on fréquente juste pour se valoriser, ce lourdaud qu'on met en avant pour mieux relayer dans le fond. Et il s'était à chaque fois senti profondément déçu, profondément trahi. Lui qui leur avait accordé si facilement sa confiance, qui leur avait si facilement remis son cœur entre leurs mains assassines. Douces illusions au gré desquelles il s'était laissé bercer.
Et quand la femme sans visage posa ses doigts sur son bras, il tressaillit. Sa tête se tourna alors vers elle. Lenteur VS rapidité. Sa tête commençait à lui faire mal. Robert se força à se concentrer sur ce visage flou. Il apercevait quelques contours. Il essayait vraiment de se concentrer, mais à vrai dire, son cerveau refusait de lui laisser ce plaisir. Il refusait aussi de répondre à la question que la femme inconnue lui adressait. En revanche, lorsqu'il entendit le bruit du verre que l'on faisait glisser sur la table, son regard se détourna bien vite pour voir la bouteille s'écarter de lui. Il essaya de s'en saisir, mais ses doigts ne parvenaient qu'à effleurer la surface polie et froide de la bouteille. Il réitéra une nouvelle fois sa tentative. Vaine.
La femme lui posa une nouvelle question. Il fixait la bouteille. Son regard était quelque peu allumé, comme s'il devenait fou. Fou d'être séparé de ce qui lui rendait la vie à la fois si simple et à la fois si compliquée. Il sentait son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine, et aussi à ses tempes. Ses doigts se cramponnèrent à la table. Ne me quitte pas ! Ne me quitte pas.
« Non ! »
Non, il n'en avait jamais assez. La seule chose dont il en avait assez, c'était qu'on voulait à tout prix diriger ses actes, commander sa vie. Il s'accrocha de nouveau à son verre. Il se rendit compte qu'il était vide. L'avait-il bu entièrement quelques secondes auparavant ? Il ne le savait pas. Il n'en était pas certain.
« Non ! Ne… Personne.. Seul... »
Dans sa tête, ces mots prenaient sens. Il ne voulait pas qu'elle appelle quelqu'un. Il voulait rester seul. Après tout, il en avait l'habitude, non ? Mais en réalité, ses propos étaient confus. Comme lui.
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MessageSujet: Re: Blurred lines   Blurred lines EmptyMar 2 Sep - 0:30

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Il était certains êtres dont la solitude était aussi sourde que douloureuse. Maintenant qu’elle y réfléchissait, Alice n’avait jamais vraiment prêté attention à son voisin. Elle savait seulement qu’il était là, souvent seul, qu’il était écrivain et qu’il buvait. Elle avait toujours été trop préoccupée par l’extérieur pour se soucier de ce qu’il se passait à l’intérieur de la maison. Il avait fallut qu’elle croise cet homme à l’extérieur pour le voir, le voir vraiment, et constater la détresse dans laquelle il se trouvait. Bien sûr, boire un peu trop un soir à la fin d’une longue journée aurait sans doute pu arriver à n’importe qui. Mais il avait dans le regard quelque chose qui la poussait immédiatement à s’alarmer. C’était comme s’il était... éteint. Quelque chose qui lui fit profondément mal au coeur, sans qu’elle ne parvienne précisément à l’identifier, tandis qu’elle cessait d’essayer de lui arracher le verre des mains, verre qu’il tenait bien trop fermement. C’était sans doute en partie pour cela qu’elle éprouvait un tel besoin de l’aider. Ca et sa conscience morale qui la travaillait. Dans l’état où il se trouvait, il aurait pu se produire n’importe quoi. Il aurait suffi qu’il croise quelques individus mal intentionnés, ou même quelques membres des forces de l’ordre pour que les choses tournent mal. Elle s’en serait profondément voulue s’il lui arrivait quelque chose.

Elle avait sincèrement espéré qu’il lui donne le numéro de téléphone de quelqu’un qu’elle aurait pu faire appeler pour venir le chercher. Au fond, au moment même où elle posa la question, elle se douta de la réponse. Elle avait beau fouillé dans ses souvenirs les plus profonds, elle ne se rappelait pas avoir un jour vu quelqu’un d’autre que leur logeuse frapper à la porte de la chambre qu’il occupait. Néanmoins, la réponse qu’il lui fit ne fut pas loin de lui briser le coeur, si bien qu’elle demeura quelques instants incapable de prononcer le moindre mot. Si elle avait été un peu plus alcoolisée, elle aurait sans doute éclaté en sanglots. Mais elle devait se reprendre et prendre des décisions. Oui, elle aurait pu le laisser là, mais après ce qu’elle venait d’entendre, c’était devenu absolument hors de question. Elle soupira et se pencha vers lui, bien qu’elle ne soit pas certaine qu’il soit en mesure de percevoir ses paroles. « Je vais vous raccompagner, d’accord ? On va... on va prendre un taxi. » Cela ne l’enthousiasmait pas, mais elle ne voyait aucune autre solution. A cette heure-ci il n’y avait plus aucun bus et elle n’allait tout de même pas le porter durant tout le trajet ! Soupirant de nouveau, elle ouvrit son sac, saisit son porte-monnaie et en examina le contenu. Elle aurait sans doute assez d’argent pour la course, mais ce serait un gros sacrifice dans ses finances. Et comme si le destin se jouait de nouveau d’elle, c’est à ce moment précis que l’un des serveurs arriva afin de lui réclamer la somme requise pour l’alcool que son voisin venait d’ingurgiter. Troisième soupire. Elle jeta un oeil à l’homme encore sous l’emprise de l’alcool, au cas où celui-ci se réveillerait et retournerait subitement à la réalité. Voyant que ce n’était pas le cas, elle se résolut à payer elle même. Adieu le taxi.

Bon, elle n’allait pas se décourager. Elle se tourna de nouveau vers Mr Svensmann, et esquissa un sourire. « Je vais vous raccompagner. Vous n’allez pas avoir besoin de ça. » Elle posa de nouveau une main sur le verre, l’autre sur la main de l’homme afin de le lui faire lâcher. « Et puis, il est vide de toute façon. » Elle parvint finalement à l’extraire de ses doigts. Bon, les choses sérieuses allaient commencé. Il allait falloir qu’elle le porte, tout au long du chemin. Heureusement, la distance n’était pas si grande, mais il y avait fort à parier qu’elle paraîtrait longue. Elle regarda en arrière, en direction de Peter, prête à même lui présenter des excuses pour qu’il lui vienne en aide. Mais il avait l’air lui aussi en mauvais état et elle renonça immédiatement. Elle se tourna de nouveau vers son voisin. « Bon, je sais que vous n’êtes pas en état, mais si vous pouviez m’aider un peu... » Elle commença à lui empoigner le bras pour le tirer jusqu’à l’extrémité de la banquette, ce qui lui prit déjà un certain temps. Puis, elle passa le bras de Robert autour de ses épaules et au prix d’un immense effort parvint à se lever et à l’entrainer avec lui. Elle tangua un moment avant de retrouver un certain équilibre. Le serveur, apercevant sa difficulté, décida de voler à son secours. Du moins, jusqu’à la sortie du restaurant, car après, ce fut à elle de se débrouiller seule.

Il faisait nuit noire. Plutôt angoissant, quand on pensait qu’un tueur en série courait les rues de la ville. Heureusement, elle avait bien d’autres choses à penser et sa mission occupait toutes ses forces. Le fait qu’elle soit extrêmement petite ne lui facilitait pas la tâche. Ce serait un miracle si elle arrivait à bon port sans tomber, sans les faire tomber tous les deux, d’autant plus qu’il avait réellement du mal à marcher. « Je vous en prie, aidez-moi un peu, je ne vais pas y arriver toute seule... » le supplia-t-elle, ignorant s’il y serait sensible, ou même s’il l’entendrait. Et, incapable de se taire bien longtemps, elle ne tarda pas à ouvrir de nouveau la bouche, même pour parler dans le vide. « Franchement, a-t-on idée de boire autant ? Vraiment, quelle soirée épouvantable... On dirait que j’ai la guigne. Avec les hommes sans doute. C’est ça, je dois être maudite. Qu’est-ce que vous en pensez vous ? » demanda-t-elle sans attendre la moindre réponse en réalité.
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MessageSujet: Re: Blurred lines   Blurred lines EmptyMar 9 Sep - 23:59

Alice ∞ Robert
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Extrait du carnet de Robert
Une femme dans la nuit. Elle serrait tout contre elle un petit paquet. Ses pieds foulaient le pavé, parmi les pieds d'inconnus. Elle les implorait de lui venir en aide, mais on semblait l'ignorer. C'était une ombre dans les halos des lampadaires. Face au malheur des autres, on devient subitement aveugles. Pour une fois, était-ce trop demandé ? Elle voulait juste qu'on la remarque. Elle voulait juste qu'on aide son enfant.
Mais c'était déjà trop tard pour lui.
Il décédera quelques minutes plus tard. Une pneumonie foudroyante.
La rudesse de l'hiver. L'ignorance des êtres humains.
Le jour avait été ensoleillé, mais désormais, pour elle, c'était une nuit sans fin qui s'était installée en même temps que le sommeil éternel s'était emparé de son fils.


Il aurait voulu continuer à se saouler, à côtoyer cette femme imaginaire qui avait porté la mort en son sein, à tous ces personnages qui ne verraient jamais le jour, à toutes ces personnes parties trop vite sans qu'on ait eu le temps de leur adresser un dernier signe d'adieu. Des au revoir qui ne seraient jamais adressé. Au revoir chère famille, au revoir chère vie. Au revoir moi-même. Je délaisse tout, je m'en vais. Au revoir.
Robert avait l'habitude des départs, il avait l'habitude de partir, sans adresser de au revoir. Il avait l'habitude d'être cet homme solitaire, sans aucune attache, sans aucune présence à ses côtés. En général, on ne le comprenait pas et on ne s'obstinait pas à le comprendre. Ceux qui avaient essayé avaient vite constaté qu'ils ne faisaient pas le poids face à une bouteille d'alcool. Alors, ils avaient abandonné. Partis sans adieux, avec pour seule compagnie ces brumes dans lesquelles il s'embourbait sans aucune honte. Dans ses bons jours, l'écrivain pouvait se montrer intéressant et passionné, quand il n'était pas défaitiste et nostalgique. Mais pas ce soir. Ce soir, il se noyait dans ce whisky qui tournoyait dans son verre et dans sa tête.
Mais il y avait cette jeune femme, présence insistante, à ses côtés Il ne savait pas que plus tard, elle prendrait une place considérable dans sa vie. Il était devenu un de ses personnages de roman qui ignorait tout de son destin. Il n'était jamais vraiment optimiste, alors imaginer le mieux pour lui… Il était éteint depuis de nombreuses années. Des yeux ternes qui ne reflétaient quasiment plus l'éclat d'une vie qui s'enivrait autour de lui. C'était une bougie dont la flamme vacillait dangereusement depuis des années, qui avait fini par s'amenuiser pour ne devenir qu'une ficelle noircie mais toujours rougeoyante. Une parcelle de vie enfouie sous une immensité de cendres. Lorsqu'elle lui dit qu'ils prendraient le taxi, il eut comme un mouvement de recul et, sans qu'il puisse se maîtriser, un non retentissant avait jailli d'entre ses lèvres. Il refusait de monter dans une voiture ; il préférait marcher et de loin ! Toutes ces avancées technologiques, ces voitures et ces téléphones n'étaient pas des choses dont il était familier et qu'il aimait, au contraire. Plus il s'en tenait loin, mieux il était.
Il voyait, avec une confusion phénoménale, une silhouette s'approcher de la femme sans visage. Les mots lui paraissaient brouillés. Ils ne voulaient pas s'imprimer dedans sa tête, ils ne voulaient pas avoir de consistance, ils ne voulaient pas prendre sens. Il était question d'argent et de bouteilles mais ça faisait longtemps que Svensmann ne suivait plus rien. Quand il serait en état et qu'il se remémorerait des limbes de cette soirée, il envisagerait de rembourser la femme sans visage qui avait posé une de ses mains sur la sienne, l'autre s'accrochant aussi au verre. Instinctivement, les doigts de l'homme resserrèrent sa prise. Les infimes contacts physique avec les femmes l'avaient toujours fait se crisper. Quand bien même il ne désirait pas blesser les personnes de ce sexe, il savait qu'elles pouvaient parfois mal le prendre. Rares étaient celles qui le comprenaient et plus rares encore étaient celles qui savaient par quoi il était passé. Il mettait ce malaise sur le compte d'un manque d'affection maternel. Seulement, avait-il raison ? Le verre lui échappa des mains. Elle s'était emparée de lui pour l'éloigner de lui. Non ! Non, ne pars pas toi aussi ! Ne pars pas ! Au revoir ! Il sentait son cœur se soulever et s'abaisser lourdement au rythme d'une respiration difficile. Son regard éteint se tourna vers la femme sans visage. Et de nouveau il s'enferma dans sa bulle.
Oublie, Robert, oublie. C'est facile d'oublier quand on est toi, Robert.
La femme sans visage l'avait saisi par le bras sans qu'il ne s'en rende vraiment compte et le forçait à se lever. A quoi bon se lever quand on est plus bas que terre ? Est-ce que ça nous fera briller ? Est-ce que ça nous fera nous avancer sur le devant de la scène ou restera-t-on dans une ombre angoissante ? Bon, il avait été tiré sur la banquette pour en atteindre l'extrémité et être levé, mais c'est comme s'il ne contrôlait plus son corps. Il en avait perdu le manuel d'utilisation, il en avait aussi perdu les commandes. C'était désormais la femme sans visage qui le contrôlait.
Un vertige permanent s'était emparé de lui tandis qu'il tanguait dangereusement sur ses pieds. La femme le soutenait, mais ça ne l'empêchait pas d'avoir du mal à mettre un pied devant l'autre sans se casser la figure ou sans avoir envie de se laisser submerger par ce vertige. Sa conscience du temps n'existait plus, en cet instant. Sans comprendre comment il avait fait, il était arrivé dehors. Et de nouveau, il tanguait sur ses pieds, soutenu par cette femme. Est-ce qu'on l'avait aidé à le « porter » jusqu'à l'extérieur ou Robert était-il devenu un surhommme sans s'en rendre compte ? Néanmoins, il essaya de marcher droit, mais ses pieds s'emmêlaient entre eux. Et il s'appuyait trop lourdement sur la petite demoiselle. Si demain, elle n'avait pas de courbatures ou de douleurs aux épaules… Elle lui parla, mais… Mais il ne comprenait qu'à moitié ses mots. Robert tenta de se redresser et de se détacher d'elle pour la soulager, mais il n'y arrivait pas. Comment fait-on ? Hein, comment fait-on ? Les secondes s'étiraient en des éternités obscures et embrouillées. Il entendait la femme lui parler de malchance, d'hommes et d'avis.
Et son regard s'alluma soudainement.
La flamme s'était rallumée.
Robert se redressa et se tint droit, comme s'il n'avait pas bu. Il tâta les poches de sa veste. Il ne sentait pas le moindre contour de son carnet, ni celui de son crayon. Le crayon, il s'en fichait éperdument, mais le carnet… Sans lui, Robert n'était qu'un nom noyé parmi les autres.
« Mon carnet ! Où est mon carnet ? Je l'ai oublié, il faut retourner le chercher ! Il faut... »
Il se tourna sans prévenir personne. Il commença à faire quelques pas avant de tomber. L'humiliation atteignait son comble mais c'est comme s'il l'ignorait – ce qui était sans doute le cas. Il se releva difficilement en s'appuyant sur une poubelle ou un muret, il ne faisait plus la différence à l'heure qu'il était. Pour lui, les deux choses se ressemblaient.
Mais rien ne ressemblerait à son carnet.
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