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 great utopia dream + gabrieve.

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Evpraksiya-Honoria Kniaz
Evpraksiya-Honoria Kniaz
FONDA moonage daydream.
Pseudo + Prénom : ziggy stardust. / @girlcalledmercy / Clémence.
Missives : 2339 Points : 321
Avatar : kaya scodelario. Crédit : mad shout. + tumblr.
Âge : vingt-deux ans.
Statut : fiancée contre son gré à l'élu de son cœur, Gabriel, selon un arrangement conçu entre leurs pères respectifs quinze ans plus tôt.
Occupation : pianiste, violoniste, compositrice, rentière, apprend à gérer l'entreprise paternelle.
Gramophone : quicksand - david bowie.
Doubles-comptes : eponine m.-n. o'hare.
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MessageSujet: great utopia dream + gabrieve.   great utopia dream + gabrieve. EmptyDim 18 Aoû - 14:49

gabrieve
great utopia dream


Bienvenue dans le merveilleux sujet d'Evpraksiya-Honoria Kniaz qui va avoir l'honneur d'avoir comme partenaire E. Gabriel Johnson. Pour leur sujet, ils interdisent l'intervention d'un PNJ inoffensif qui pimenterait le rp et ils interdisent l'intervention de membres extérieurs qui passeraient par là. Ne sont-ce pas là des choix merveilleux ? L’histoire se déroule le 10 août à onze heures alors que la météo est radieuse et chaude. À présent, il est temps de laisser la parole au créateur du sujet : Officiellement fiancés, Eve et Gabriel doivent se présenter en temps que tels à la famille de ce dernier, tout juste arrivée de Londres. Il s'agit pour Eve de se faire apprécier de toute la fratrie Johnson.


https://allthatjazz.forumactif.org/t75-eve-you-drive-like-a-demon-from-station-to-station
Evpraksiya-Honoria Kniaz
Evpraksiya-Honoria Kniaz
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MessageSujet: Re: great utopia dream + gabrieve.   great utopia dream + gabrieve. EmptyMer 21 Aoû - 1:50

somewhat slightly dazed
❝ oh, the great utopia dream ❞

Elle avait de longues mains de pianistes, aux doigts fins et interminables, nerveuses et sans cesse en mouvement.  Elle les passait lentement sur la dentelle qu’elle portrait, admirant sans véritable intérêt la finesse et la féminité du point. Ses doigts, en vérité, se retenaient de rejoindre l’ivoire froid du piano qui trônait, seul, au centre de la pièce. De frustration, ils jouaient avec les matières : les aspérités délicates de la dentelle, le satin de sa jupe, le bois marqueté et lisse au toucher d’un petit cabinet.
Elle ne se permettait pas l’accès au piano par angoisse de s’y perdre. À jeun et fébrile, elle tentait par tous les moyens de rester alerte. Elle avait été laissée seule dans l’appartement de Gabriel, libre de s’y sentir comme chez elle, pendant que son amant – elle ne trouvait toujours pas le courage de l’appeler son fiancé – allait chercher ceux qui deviendraient sa belle-famille. Elle avait été reconnaissante de ne pas avoir à aller à leur rencontre au port, déjà nerveuse. Mais la solitude et l’inaction la minaient. S’interdisant l’alcool, l’improvisation grisante, elle se retrouvait démunie face à une situation qui l’irritait et l’agitait. Elle avait eu le temps de redécouvrir cet appartement luxueux pour la seconde fois, s’attardant sur chaque meuble, chaque objet de la vie quotidienne de Gabriel, évitant le lit, souvenir encore trop présents de leurs ébats passés qui rougissaient ses joues pâles. Elle ne pouvait s’accorder quelques instants pour revivre les caresses et les baisers. Elle se devait de rester digne, insensible, de peur de laisser son caractère flamboyant exploser face à cette nouvelle famille dont elle craignait la présence, et cela impliquait son dévouement total à cette seule tâche. Alors elle concentrait son attention sur tous les détails insignifiants qu’elle pouvait trouver ici : un presse-papier en cristal sous lequel reposaient des commandes de whisky, gin, bourbon et bière ; un livre entrouvert sur le fauteuil de la chambre ; une horloge dont le bruit régulier et insipide lui faisait perdre la tête.
Elle avait besoin d’un verre. Elle pouvait presque sentir la brûlure familière d’une gorgée de whisky avalée trop rapidement. Mais non, elle devait rester sobre et féminine. Les femmes ne buvaient pas de whisky. Les femmes n’enchaînaient pas les verres. Les femmes portaient de longues jupes de coton et de soie, de ce vert d’eau, bronze passé. Les femmes s’asseyaient calmement, sans pensées suggestives, une tasse de thé à la main. Les femmes respectables, s’entend.

Avec un énième soupir, elle se décala vers l’un des longs sofas du salon principal, les mains croisées contre son ventre. Une mèche de ses boucles brunes vint jouer contre son front, et elle se retint de la tordre entre ses doigts qui ne tenaient plus en place. Elle n’avait pas le droit non plus de détruire la masse savante de ses cheveux, amassée en haut de son crâne. Elle avait refusé de les crêper, ignorant l’avis des femmes britanniques à ce sujet. En fait, elle ignorait tout des Johnson. Gabriel l’avait certes inondée d’informations sur sa famille, ses frères et sœurs, sa mère. Mais Eve ne savait pas comment leur plaire, leur opinion sur ce mariage arrangé, leur avis sur la Prohibition. Elle craignait des moues dédaigneuses face à son attitude ou à son détachement, mais elle n’aurait su dire si elle recherchait vraiment leur approbation. Ce mariage – qui s’annonçait déjà comme la prison qu’elle redoutait – était le sien et celui de Gabriel, et non le leur. Ils construiraient, peu à peu, leur histoire. Eve attendait une véritable demande en mariage, qui détruirait les arrangements établis par leurs pères respectifs bien des années plus tôt. Au fond, les Johnson avaient peu à dire. Et pourtant, Eve recherchait l’amour familial et inconditionnel qu’ils pourraient lui apporter à elle, orpheline de mère et fille unique. Elle en rêvait. Mais elle refusait de se transformer pour l’obtenir, et elle se retrouvait, comme toujours, engoncée dans un dilemme.

Le piano lui faisait de l’œil. Et elle ne pouvait pas jouer. Mais qu’était-elle, sans sa musique ?  Si peu de choses. Un pantin, une marionnette, jouet de deux hommes ambitieux. Incapable de résister plus longtemps, elle se leva fiévreusement et se dirigea vers le piano de bois clair, quand elle entendit la porte s’ouvrir. Un sentiment injustifié de culpabilité l’envahie alors, en même temps qu’une peur glaciale. Elle se dirigea lentement vers l’escalier qui menait au hall majestueux, défroissant les tissus fastueux de sa tenue du plat de la main. Dieu, qu’elle haïssait ce sentiment d’angoisse. Elle, si maîtresse d’elle-même, réduite à entendre son cœur cogner contre les parois de sa poitrine dans un rythme galopant et toujours plus rapide. Ces maudits hyménées.

Elle sursauta en sentant une main prendre la sienne : gantée, familière, rassurante. Elle leva ses yeux inquiets vers ceux, d’un noir chaleureux, de Gabriel, et donna une légère pression à leurs mains entrelacées, le remerciant d’être venu à sa rencontre avant le reste de la fratrie.  Elle s’autorisa un dernier regard à ses mains, ses yeux, son sourire heureux. Elle faisait avant tout cela pour lui. « Tout va bien se passer. » murmura-t-elle pour elle-même, répugnée par sa propre faiblesse angoissée. Elle embrassa légèrement le coin des lèvres de Gabriel et lâcha sa main à regret, commençant sa descente des escaliers d’un pas léger. « Bonjour ! Bienvenue à New York. » lança-t-elle avec un sourire qu’elle ne forçait qu’à moitié.
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E. Gabriel Johnson
E. Gabriel Johnson
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MessageSujet: Re: great utopia dream + gabrieve.   great utopia dream + gabrieve. EmptyJeu 22 Aoû - 19:00

this is our heart
❝ can you feel it? ❞


Je quitte Eve en déposant un baiser sur son front, le sourire aux lèvres. J’attends ce jour depuis des semaines, des mois ; le moment où je reverrais enfin ma tendre mère et où je pourrais serrer un à un chacun de mes frères et sœurs. Après deux années passées loin d’eux, séparés par l’Océan, il me tarde de revoir leurs visages. Les plus petits avaient tout juste quatorze ans lorsque le bateau m’emmena loin de la maison, ils en ont aujourd’hui seize. Dieu sait comment les adolescents changent radicalement en quelques mois seulement ! Ma mère aura certainement gagné quelques rides. Son front se sera maintes fois plissé de colère, ses yeux et sa bouche auront connu bien des rires aussi, et ses mains se seront usées sur le piano durant de longues heures. Plus je les imagine, plus ma hâte grandit. Et finalement, l’heure vient. Mes lèvres adressent un dernier sourire à ma belle Evpraksiya tandis que je referme la porte de l’appartement derrière moi.

Elle est parfaite. Je ne dis pas qu’Eve est la femme parfaite, non, mais elle l’est pour moi. Mon ventre se tord parfois d’anxiété à l’idée que cette grande famille qui est la mienne n’accepte pas un membre supplémentaire, eussè-je été amoureux d’elle ou non. Mais je l’aime, les draps du lit m’en soient témoin. Et si elle est parfaite pour moi, alors elle le sera pour eux.
A l’arrière de ma voiture, sur le chemin vers Pensylvania Station, j’oscille entre moments d’euphorie et moments de doutes. Mon Dieu, et si Mère la désapprouvait ? C’est une femme sage et calme qui m’a enseigné le contrôle de moi-même, les bonnes manières et l’hypocrisie. Eve est farouche, indomptable, et certes de famille riche, mais loin des conventions de ces hautes sphères de la société que nous méprisons tous deux, et dont mon entière fratrie fait partie.
Pire encore –ou tout du moins aussi grave que si mon amante n’était pas acceptée de ma famille- et si c’était elle qui ne les aimait pas ? Nous sommes nombreux, et sur les dix caractères différents dont est composée la famille Johnson, il y en a forcément un qui ne lui plaira pas. Encore que, Chloe est absente, tout comme Phyllis. Mais elles ne sont pas les pires spécimens de la fratrie. Je ne sais pas si je supporterais qu’Eve se penche à mon oreille en plein repas pour m’adresser quelque reproche dont elle a le secret sur l’un des êtres du même sang que le mien.

Pensylvania Station. Bondée, comme toujours. Les quais sont noirs de ce monde qui se retrouve ou fait ses adieux. Les sifflets des chefs de gare sonnent l’entrée d’un train ou son départ imminent. On se bouscule, les épaules rencontrent des côtes, des valises. Dans ces courants inverses de gauche et de droite où s’entremêlent chapeaux, bottes, mallettes et cannes allant en amont ou en aval des quais, les enfants se perdent, les chiens aboient. Dans la marée interétatique, l’objectif est de se frayer un chemin. J’arrive au moment où mon train est annoncé. Quai numéro douze. J’y parviens, et déjà au loin la locomotive fumante annonce bruyamment son entrée. Lentement, elle s’insère le long de la bande blanche où les pieds ne peuvent s’aventurer. Le monde recule et les portes s’ouvrent. « Eugène ! Eugèèène ! » Hurlent tous en même temps mes sœurs et mes frères qui s’écrasent et s’entassent contre la fenêtre entrouverte de leur compartiment pour passer leurs mains au dehors. Déjà mon cœur se soulève. Les cocons ont éclot dans mon estomac où s’envolent des nuées de papillons. J’accours jusqu’à leur porte où je sais que leurs deux douzaines de valises attendent d’être déchargées. Alors que mon majordome, épaulé par l’aide de quelques garçons de la gare, se saisit des premières hanses afin de déposer les bagages dans le chariot, la première brunette saute du wagon directement dans mes bras.

Rose, dix-huit ans à peine, est une jeune demoiselle minuscule. Ses longs cheveux noirs sont délicatement remontés en haut de son crâne à l’aide de tresses, de torsades, d’épingles et de barrettes donnant du romantisme à son visage rond angélique parsemé de nombreuses tâches de rousseur et où brillent deux iris gris. La jeune fille a toujours été particulièrement douce mais joviale. Sans être de ces enfants turbulents, elle est un concentré de joie de vivre. Ses longs doigts à la peau translucide savent faire pleurer un violoncelle comme personne. Des plus jeunes de la famille, elle est ma favorite. « Comment vas-tu, jeune fille ? » Je lui demande en collant un baiser sur sa joue. « Arrête de m’appeler ‘jeune fille’. Je suis bientôt une femme. » Proteste-t-elle. « Ne souhaites pas grandir trop vite, veux-tu. Tu as fait bon voyage ? » Elle hoche la tête. « Aaron avait le mal de mer pendant la traversé, il était d’un vert livide, tu aurais dû voir ça ! » Mais je n’ai pas besoin de le voir pour l’imaginer sans problème.
Aaron est un frêle garçon, pas bien grand, dont le mal des transports est légendaire. Dix minutes de vélo sont déjà trop demander à son délicat estomac. A sa sortie du train, il est d’ailleurs encore étrangement pâle. Ses pieds semblent s’ancrer dans le béton comme ceux d’un soldat retrouvant sa patrie après la guerre. Sa chemise est boutonnée jusqu’à la moitié de sa gorge, sa cravate est nouée légèrement en biais, mais son gilet est impeccable. D’un geste nerveux, il rajuste ses grandes lunettes sur son large nez. Il a le front court pour quelqu’un d’aussi intelligent. Quoi qu’on puisse parfois douter de ses capacités mentales tant il peut être maladroit, autant dans ses gestes que dans ses paroles (raison pour laquelle je ne lui ai jamais connu de conquête en 22 ans). Etudiant en médecine, il est pourtant destiné à devenir un grand et renommé chirurgien. Toujours sérieux, il tend sa main vers moi. Je la saisis, la secoue, et finalement attire tout le bonhomme vers moi. Sa pâleur vire au rouge écarlate alors qu’il s’empresse de rabattre son immonde masse de cheveux sur son crâne.
Mon frère est suivi de près par le troisième homme de la famille, Spencer. Depuis des années, lui et moi nous adressons à peine la parole. Il est difficile de croire que ce grand Adonis et moi sommes frères ; lui aux cheveux châtains et aux yeux clairs, à la beauté empruntée aux statues grecques, et moi, aux mèches et au regard noir corbeau. Nous sommes autant opposés en physique (quoi que d’une taille assez égale) qu’en caractère. Je ne dirais pas qu’il constitue une honte pour la famille, quoi qu’il s’en rapproche avec les années. Il se contente de se foutre de tout. Frivole, il n’est pas doué en grand-chose, ne jouant d’aucun instrument comme il faut, n’étant pas bon avec les chiffres et n’aimant pas les livres. C’est un excellant orateur en revanche. A vingt ans, je considère Spencer comme un raté narquois, et lui me voit comme une tragédie. Nous nous serrons la main, sans plus.
Zoe et Zachary finissent par faire leur entrée. Les jumeaux de seize ans sont les plus jeunes de la fratrie. S’ils sont nés le même jour, cela ne les empêche pas de ne pas se ressembler du tout. Ils ont chacun leur caractère propre (et bien trempé). Zachary est un garçon assez normal, quoi qu’un peu turbulent. Disons qu’il est farceur, mais c’est un bon bonhomme. Père n’ayant pas eu le temps de briser trop de ses rêves, il espère encore devenir avocat. Elle, elle voudrait être fleuriste, comme en témoigne sa robe d’été aux nombreuses roses flottantes sur fond blanc. Un long collier de perles, cadeau de Mère, ne quitte jamais son cou. Zoe c’est une demoiselle raffinée, et probablement celle qui ressemble le plus à sa mère.
Celle-ci descend enfin du train.

Mère est une petite femme. Une petite Française à la physionomie étroite, aux cheveux châtains coupés courts et ondulant sur son crâne comme le veut la mode. Elle flotte dans une robe bordeaux coupée comme les anciennes tuniques romaines. Car malgré ses nombreuses grossesses et ses quarante-cinq ans passés, Marie de son prénom, est restée sans beaucoup de hanches ni de seins. D’une beauté mature certaine, il émane d’elle cette aura que tous remarquent dès la première rencontre ; un amour inépuisable et un grand calme dissimulant une forte personnalité qu’elle n’a jamais su assumer. Elle est élégante et droite, comme d’habitude. Son sourire est large, dévoilant ce petit écart entre ses deux incisives nommé dents du bonheur.
J’approche du train pour l’attraper dans mes bras alors que ses deux pieds sont entre en haut du marchepied. Le seul moyen pour elle d’être à ma taille. Un câlin, comme on en fait à un enfant, voilà deux ans que je n’en avais pas eu, que je n’avais pas senti la chaleur de ma mère. Je dépose un baiser sur sa joue et prend ses hanches afin de la déposer au sol. Elle ne dit rien, moi non plus. Nous n’avons jamais eu besoin de parler pour nous comprendre.

***

« Je suis désolée, Eugène » finit-elle par dire dans sa langue natale. Puis en anglais.
« Pourquoi, mère ? » je la regarde, surpris. Elle semble soudainement triste, le regard rempli de regrets regardant les rues de New-York défiler sous ses yeux.
« Ce mariage. Tu n’en a jamais voulu. Moi non plus. Je n’ai rien pu faire pour m’opposer à ton père, je suis navrée. J’ai réussi à préserver tes frères et sœurs d’une telle promesse qui leur aurait fait autant de mal qu’à toi. Mais toi… » Elle prend mes mains. Sa peine me touche, et pourtant, je souris.
« Mère, tais-toi. Tu peux cesser de t’en vouloir. Je souhaite ce mariage plus que n’importe quoi au monde. » Son regard se pose soudainement sur moi, interloqué. « Tu le veux ? » Je lui souris tendrement. « Oui. Je l’aime, mère. » Le soulagement s’empare d’elle. En quelques secondes, tant d’émotions l’avaient traversée. Elle pose une main sur son cœur et recommence à regarder à l’extérieur. « Tu l’aimeras aussi. »

***

« Nous y sommes ! Cinquième étage. Les bagages vont arriver, ne vous en faites pas. J’espère que vous apprécierez. Mais ne vous attachez pas trop ; j’ai trouvé le lieu parfait pour vous loger ensuite. Mère, je pense que tu seras ravie. J’ai hâte de vous présenter Eve » Respire un coup. Devant la porte, j’expire, hausse les épaules pour me dégourdir. J’ai le sentiment de me préparer à courir un marathon. Gérer autant de monde dans une telle situation n’en est pas si éloigné.

J’ouvre la porte. Nous sommes sept corps à nous engouffrer par la grande double porte, et déjà des exclamations de ravissement retentissent et certains se précipitent vers la baie vitrée. « Attendez moi ici, je vais la chercher. » Je monte deux à deux les marches du grand escalier. Eve se trouve assise au piano, dans le petit salon de l’étage. Elle est tendue, fébrile, et ne m’a pas entendu arriver. Je saisis doucement sa main et l’invite à se lever. « Courage. Tu n’as pas à avoir peur, ils ne mangent pas les futures mariées. »

Nous descendons ensemble l’escalier vers le hall où l’assemblée nous attendait. Tous lèvent les yeux vers la jeune femme. Avec sa chevelure brune et ses grands yeux clairs, elle passerait pour une Johnson. Il n’y a aucune raison qu’ils ne l’acceptent pas. « Eve, je te présente, dans l’ordre : Aaron, futur brillant chirurgien, Spencer, qui n’est pas en âge de boire, Rose, la favorite de tout le monde, Zoe, dont la serre ferait jalouser les jardiniers de Buckingham, et son jumeau Zachary, l’ami des animaux ». Nous passons dans le rang doucement, jusqu’au final. « Et voici Mère. Mère, voici Evpraksiya. Eve est une pianiste or pair, elle a un talent incroyable. ». Et une bonne descente.

Quelques longues secondes suivirent. Les regards s’échangèrent. « Vous êtes ravissante ».
Evpraksiya-Honoria Kniaz
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Statut : fiancée contre son gré à l'élu de son cœur, Gabriel, selon un arrangement conçu entre leurs pères respectifs quinze ans plus tôt.
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MessageSujet: Re: great utopia dream + gabrieve.   great utopia dream + gabrieve. EmptyLun 2 Sep - 14:12

absolutely smitten
❝ she'll never let him go ❞

Eve détailla la fratrie à mesure que Gabriel les nommait, une once enjouée dans sa voix. Aaron, un garçon chétif à ses yeux, qui la scrutait d’une façon qu’elle n’aurait su qualifier : indifférence, attention ? Son regard était perçant, intelligent, sans pour autant lui donner cette impression étrange que renvoyaient certaines personnes de lire votre âme. Eve lui renvoya un sourire faible, intimidée par ce garçon sans doute plus proche de son âge Spencer, le troisième garçon de la famille, était de ceux dont les regards lui faisaient toujours regretter d'avoir endossé des vêtements de femme. Elle se contenta d'hocher la tête à la mention de son nom, détaillant avec surprise ses traits si différents de ceux du reste de la famille. On lui présenta ensuite Rose, un petit bout de femme élégante et au sourire ravissant et sincère, qu'Eve renvoya naturellement, ravie de se sentir à l'aise face à elle. Puis elle découvrir avec plaisir les deux derniers, jumeaux. Zoe et Zachary. Les jumeaux l'émerveillaient, elle qui était incapable de concevoir qu'une femme pouvait mettre au monde deux bébés et y survivre. Elle esquissa un sourire aux plus jeunes, intimidée par le nombre élevé - pourtant incomplet - des membres de la fratrie. Elle avait toujours grandit seule, fille unique, et elle ne pouvait qu’imaginer l’enfance joyeuse et bruyante qu’avait été celle de Gabriel et de ses frères et sœurs.
Elle remarqua que Gabriel énonçait chacun de leurs rêves – à l’exception de Spencer – et tous avaient des envies d’avenir personnel. Ses discussions avec Gabriel lui revinrent : lui, le fils aîné, l’héritier, qui avait dû oublier ses rêves de musique pour satisfaire l'orgueil paternel. Elle l'espérait heureux malgré tout, satisfait d'un sort qu'il n'avait pas choisi. Peut-être était-elle son échappée, son rêve musical. Elle n'avait pas la prétention de se dire si importante à ses yeux, malgré les promesses échangées. Son bonheur était encore trop fébrile pour qu'elle fonde dessus des idées d'avenir. Pourtant, l'idée d'apporter avec elle les notes joyeuses d'une vie passée et d'un futur brillant lui plaisait.
Elle concentra alors son regard sur Marie. Sa curiosité à l'égard de la mère de Gabriel avait toujours été des plus fortes, elle qui n'avait pas connu sa mère. Cette figure maternelle lui apparaissait forte et aimante, ce qui lui avait manqué durant son enfance. Une forme de respect s'imposait à elle quand elle fixait Marie, mère de neuf enfants, épouse d'un homme infidèle, et pourtant si droite et souriante. Elle espérait que ce mariage lui apporterait une mère telle que Gabriel décrivait la sienne : une figure protectrice, aimante. Si Marie ne l'appréciait pas, c'était une partie de ses rêves qui s'effondrait, assassinée par un besoin vital non satisfait. Tous ces enfants, Gabriel, Aaron, Spencer, Rose, Zoe et Zachary, tous sans exception gravitaient autour du pilier solide qu'était leur mère. Eve se sentait à part, dans un portrait de famille qui n'était pas le sien, et ce sentiment gris renforça encore son angoisse de plaire.

Si elle baissa modestement la tête et sourit en réponse au compliment de Gabriel, elle n’en pensait pas moins. Consciente de posséder un certain talent, elle acceptait les compliments comme une évidence. Ce qui l’inquiétait était la perfection, qu’elle tentait d’atteindre depuis qu’elle avait l’âge et l’oreille de la comprendre.  Et ça, peu de gens cherchaient à l’entendre. Sa musique impressionnait, mais personne n’avait l’oreille assez fine ou assez critique pour y voir encore nombre de défauts. Mais elle n’avait pas joué depuis très tôt ce matin, et le manque lui pesait trop pour se permettre d’y penser. Un instant d’inattention et elle repartirait composer de folles mélodies et perdrait le fil de cette rencontre, encore trop importante à ses yeux.  Alors elle concentra son regard sur Marie, dont les quelques mots furent salvateurs. « Vous êtes ravissante. » Voilà quelque chose auquel elle ne s’attendait pas. Surprise, elle bafouilla un remerciement, songeant que « ravissant » était un mot décidément bien féminin auquel elle n’aurait sans doute pas eu droit si elle avait revêtu sa tenue habituelle et favorite. Elle sourit imperceptiblement, imaginant les pensées de Gabriel suivre le même cours, et lissa nerveusement le tissus soyeux de sa jupe du plat de la main.  Il s’agissait néanmoins d’un compliment signifiant que la mère de Gabriel appréciait ne serait-ce que son apparence et engageait la conversation, et avec elle leur relation future. « Gabriel exagère. J’ai entendu dire que vous jouiez très bien vous-même. » Elle ne savait quoi ajouter. Elle s’imaginait mal proposer à cette intimidante belle-mère un quatre mains, au risque de laisser transparaître son véritable caractère trop vite à travers sa musique. « Vous devez être fatigués du voyage, c’est un sacré trajet depuis Londres. Il y a des rafraîchissements à l’étage, si vous le souhaitez. » lança-t-elle avec un énième sourire. Tous gravirent les escaliers, les plus jeunes sans doute impatients de découvrir l’appartement de Gabriel. Eve restait en retrait à l’arrière, cependant satisfaite de ses efforts.  Si il lui semblait avoir manqué de naturel, son angoisse n’avait pas été aussi visible qu’elle le craignait.

Gabriel invita la fratrie à s’asseoir dans le premier salon, celui où se situait le piano qui la tentait tant. Les murs sombres contrastaient avec la lumière blanche qui s’échappait des fenêtres ouvertes sur un New York estival brûlant et aveuglant. Le majordome de Gabriel avait profité de leur courte absence pour apporter des verres de limonades fraîches, la dernière boisson à la mode en ces temps caniculaires. Eve se retint de lever les yeux au ciel et s’assit aux côtés de Gabriel, s’amusant des regards curieux et émerveillés des plus jeunes. « Il y a tant de choses à voir à New York » commença-t-elle, choisissant de briser la glace elle-même, « C’est une ville radicalement différente de l’Europe. Elle songeait à sa Russie natale et à l’aperçu qu’elle avait eu de Paris, attrapant au même instant un des verres sur la table basse de bois marqueté. La gorgée qu’elle but lui fit l’effet étonnement bienfaisant d’un bout de glace jeté sur son corps nu, et elle se retint de soupirer de bien-être alors que la vague de fraîcheur se propageait. Elle supportait mal les températures incroyables qui pouvaient être atteintes à New York pendant les périodes estivales, elle qui avait grandit dans une Russie glaciale. Elle n’aurait jamais songé qu’une boisson aussi sucrée lui eu fait plus de bien qu’un verre de whisky et quelques glaçons.

Sa cuisse effleura celle de Gabriel et ce contact, malgré sa récurrence et les couches de tissus, la fit frissonner. Elle songea alors à ce qu’il lui avait dit quelques minutes plus tôt, pour la rassurer. « Ils ne mangent pas les futures mariées. » se répéta-t-elle avec amertume. Il lui avait rappelé la raison de leur visite. Elle savait qu’elle n’aborderait pas le sujet d’elle-même, et que tant que personne ne s’en chargerait, elle se sentirait plus à l’aise. Ce mariage n’était pas encore le leur, mais celui de deux pères trop portés sur les affaires. Elle ne supporterait pas qu’on lui parle organisation, et qu’on l’enchaîne trop tôt à une vie de femme mariée docile. Elle avait espéré obtenir plus de temps seule avec Gabriel, bien qu’impatiente de rencontrer sa famille. Il semblerait que six mois était tout ce qui leur avait été accordé.  Elle s’imposa une dernière politesse, sirotant délicatement son verre avec un faible sourire : « Avez-vous pu observer New York depuis les vitres de la voiture ? »

Consciente de ne débiter que des banalités, elle se tut une fois de plus, se concentrant sur le bruissement léger du coton de sa jupe frottant la laine soyeuse du pantalon de Gabriel. Sa main gauche - gantée - reposait tout près de la sienne. Cette main, elle avait pris l'habitude de la voir nue, délivrée de toute honte ou pudeur, caressant sa propre peau vierge de tout stigmate. Comme à chaque regard posé sur cette main atrophiée, elle ressentait ce besoin spécifique de la tirer doucement de sa prison de cuir et d'entrelacer ses longs doigts blancs entre ceux, rougis par le feu, de Gabriel, et de laisser jouer là ses pulsions musicales ou amoureuses. Mais ici, en société, devant un public qui allait se montrer si attentif à chacun de ses gestes ? Elle réalisait désormais la portée érotique de cette simple caresse, ce geste affectif que personne d'autre que Gabriel ne pouvait obtenir d'elle. Et devant cette famille qu'elle devait impressionner ou satisfaire, ce genre de familiarités ne pouvaient servir son but. Après tout, Gabriel lui avait dit lui-même sur l'éducation britannique que lui et ses frères et sœurs avaient reçu impliquait de dissimuler tout sentiment. Tandis qu'elle avait grandit démontrant quotidiennement son affection pour son père, ne cachant rien de son caractère sauvage et froid. Encore une de ces différences majeures qui séparaient son caractère, profondément russe et américain, de celui détaché et purement anglais de cette belle-famille.
La petite Rose lui avait pourtant sourit, d'un grand sourire pur et naturel, affichant un bonheur parfaitement logique à l'idée de revoir son frère heureux. Tout était bien, en somme, une belle fin digne d'un conte de fée, dans lequel la belle-mère ne serait pas la marâtre tant attendue par les lecteurs.
Elle réalisa alors que sa main - ses mains étaient plus agile et indépendante que le reste de son corps tristement humain - flattait doucement le gant de Gabriel, dans un mouvement presque indécelable qu'il devait pourtant sentir. Elle réprima un sourire, appréciant un instant le concept d'aimants qui semblait les réunir à tout instant et songeant à ce que ces mains avaient fait. À quoi bon le cacher ? Tous ici, dans cette pièce, recherchaient un bonheur familial et conjugal dont ils avaient manqué. Son toucher se fit plus concret, et elle reporta son attention sur Marie, inconsciente des voyages légers de sa pensée.
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MessageSujet: Re: great utopia dream + gabrieve.   great utopia dream + gabrieve. EmptyMer 2 Oct - 0:26

A cet instant, tout se déroulait bien. Je dirais même, parfaitement bien. Je contiens non sans mal mon sourire lorsque ma mère adresse un compliment à Eve. Je sais que cela est bon signe. Mais au fond, je savais depuis le début qu'elle ne pouvait pas lui déplaire. Pas parce que je connais ma mère comme si elle m'avait mis au monde, pas parce que ses goûts et ses dégoûts n'ont plus de secrets pour l'aîné de la famille, mais parce qu'en tant que mère, en tant que témoin des différentes épreuves qui ont ponctué ma vie, depuis l'ébouillantement de sa main jusqu'à mon départ pour New-York, elle pense que j'ai mérité mon droit au bonheur. Si je lui avais demandé d'annuler ce mariage, elle l'aurait fait. Pas de gaîté de cœur, et même en sachant ce que cela impliquerait pour la famille -une honte, une ombre au dessus de notre nom-, mais elle l'aurait respecté, parce qu'après toutes les vies qu'elle a mises au monde, elle souhaite uniquement voir chacun de ses enfants avoir accès à l'amour. Néanmoins, Mère ne fait jamais preuve de plus d'hypocrisie que nécessaire, et si elle a articulé ce compliment à l'attention d'Eve, c'est qu'elle en pense chaque syllabe. Je suis soulagé.

En parfaite hôtesse, ma promise propose que nous rejoignons l'étage où toute la famille pourra aisément se remettre de son long voyage. Je me souviens qu'à mon arrivée de Londres, j'étais éreinté. Pire que tout, le décalage horaire avait transformé mon cerveau en bouillie. Je me sentais incapable de réfléchir, et pourtant j'étais déjà au travail. Quoi qu'il en soit, je savais que quelques rafraîchissements étaient les bienvenus. Nous montons donc le large escalier victorien menant à l'étage. Les murs rouges du couloir laissent place aux boiseries du grand salon, ornementées de quelques tableaux de ces peintres que j'admire tant. Je ne jure néanmoins que par ce palais de cristal sous-marin de Friedrich que je conserve religieusement dans la bibliothèque. « Malheureusement, vous devez être au courant des nouvelles lois en vigueur ici, en Amérique. Pas d'alcool dans ces placards, ni nulle part dans cet appartement. La Prohibition est une véritable plaie je dois dire, et elle est loin de rendre les rues plus sûres, mais que voulez-vous... » Je m'amuse de tenir d'un tel rôle ; celui qui respecte la loi, résigné face à l'interdiction de consommer de l'alcool. A vrai dire, je ne sais pas si Mère est au courant du business qu'entretenait son époux dans cette ville, mais il est certain que mes frères et sœurs, eux, n'en savent rien. Alors je joue le jeu. Eve sert un verre de limonade à chacun puis s'assied près de moi. Je sors ensuite une cigarette. « Tu veux dire, Eugène, que tu as mit un terme à l'activité du bar de votre père ? » demande Mère avec cet air malicieux propre aux femmes qui posent les questions dont elles connaissent déjà la réponse. La bouffée de tabac m'échappe et irrite ma gorge ; je toussote de surprise ce qui entraîne quelques rires. « Je... Non, en effet. Et la plupart des gens m'appellent Gabriel ici, Mère. » J'esquisse un sourire, gêné. « Chéri, je ne suis pas la plupart des gens, je suis ta mère, et celle qui t'a nommé Eugène. Je ne comprends pas pourquoi ton prénom changerait en fonction du continent, voyons. Passons? Et vous, très chère, buvez-vous de l'alcool ? » demande Marie à Eve. Mon sourire se fait plus discret, éclipsé par une certaine crainte. Malheureusement, l'addiction de ma belle aux divers breuvages alcoolisés est un problème encore irrésolu, pour ne pas dire un point que j'évite avec habileté autant que possible afin de ne pas en arriver trop tôt à la conversation fatidique où je devrais demander à Eve d'apprendre à se maîtriser.

La jeune femme, déjà mise à l'épreuve, poursuivit néanmoins les politesses. Je retrouve pour ma part un peu de calme après une gorgée de limonade. Seigneur, je n'avais pas remarqué à quel point il fait chaud dans cet appartement. C'est que les fenêtres sont rarement fermées ; j'aime les courants d'air. Notamment parce qu'ils font doucement flotter les cheveux d'Eve, ils la décoiffent légèrement, lui laissant son naturel sauvage. Mais toutes les baies vitrées étaient closes pour la venue de la famille. Je prend une autre gorgée. Me voyant peu à peu devenir nerveux, Rose m'adresse un discret clin d'oeil auquel je réponds. « Pour ce que j'en ai vu, je trouve que c'est une ville fascinante. Je me demande pourquoi les Américains cherchent à construire toujours plus haut.
- Sûrement parce qu'ils sont incroyablement nombreux, ils ont besoin de s'empiler les uns sur les autres, comme les cages à poules que l'on envoit à l'abbatoir.
- Spencer, c'est affreux ! S'exclame Zoe.
- Dis plutôt que ce sont de grands égocentriques. Pas peu fiers d'avoir joué les sauveurs lors de la guerre, ils doivent démontrer leur surpuissance en construisant des immeubles proportionnels à leur narcissisme, rajoute Aaron.
- Que vous êtes idiots... »
Court aperçu de ce qu'est la vie d'un Johnson dans son enfance ; des chamailleries incessantes, un bruit sans arrêt. Et encore, nous ne sommes pas au complet, et ce ne sont plus des enfants. Eduqués à l'anglaise, chacun est capable d'exprimer son opinion, aussi crue soit-elle, avec ce détachement typiquement britannique qui peut parfois donner une portée d'autant plus choquante aux propos puisqu'ils sont articulés avec ce qu'une personne mal informée nommerait de l'apathie. Alors je me rends compte que ces deux ans à New-York m'avaient légèrement influencées dans mon discours. Enfant, j'étais celui ayant le moins d'emprise sur ses émotions. A l'adolescence, ce fut le strict contraire et je devenais particulièrement flegmatique et nonchalant, ce que certains prenaient pour de l'indifférence. Aujourd'hui, je trouve peu à peu un juste milieu qui ne trahirait pas mon éducation.

Alors que Zoe, Spencer et Aaron poursuivent leur débat, je sens une pression s'exercer sur ma main gantée. Je devine qu'il s'agit d'Eve, cherchant le contact de ce membre atrophié qui la fascine tant sans que je sache réellement pourquoi. Je la laisse simplement l’effleurer, la toucher, comme s'il s'agissait de quelque chose de plus qu'une main, plus qu'une preuve d'un fond profondément égoïste ou faible. La guérison de ma main est certes exceptionnelle vu la gravité de la blessure subie, mais elle reste une démonstration de ce que la nature peut faire de plus monstrueux pour punir un Homme. Néanmoins, le contact avec la main d'Eve est apaisant. Elle comme moi avons peut-être besoin de nous rassurer. Alors je prends pleinement sa main dans la mienne. Le regard de ma mère se pose sur ces doigts entrelacés. « Vous formez un très beau couple. Je suis certaine que vous ferez des enfants d'une grande beauté. D'ailleurs, avez-vous posé une date pour le mariage ? » demande-t-elle. Une seconde, je me demande s'il existe une bonne ou une mauvaise réponse à cela. Et puis je décide que la carte de la sincérité est la plus adéquate à ce sujet. « Pas encore. Nous attendons d'être prêts. Ce mariage a attendu presque quinze ans, il peut attendre quelques semaines de plus, je suppose. »
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