histoire ou test rp
Le père de Clifford, c’était Daddy Coleman, activiste parvenu et propagandiste du Ku Klux Klan au Tennessee. Daddy Coleman s’était enrichi en vendant des klanneries ktischissimes pendant le premier âge d’or du Klan dans les années 1870. Daddy avait engendré son fils Clifford hors des liens du mariage et renvoyé sa trainée de mère dans le Kentucky. Le p’tit Cliff avait grandi dans les kamps du Klan. Daddy haïssait les juifs, les papistes et les nègres mais il comprenait bien que le Klan était une mascarade et il a toujours dis à son fils de ne pas prendre ça au sérieux.
Daddy se hissa jusqu’au grade d’Auguste Cyclope. Daddy vendait des robes du Klan kustomisées, divers akkoutrements et autres défrokes, et même de la haute kouture pour la race kanine. Daddy s’enrichit encore plus porté par le boom du Klan dans les années 1890. Ce qui le fit chuter, ce fut une histoire de viol dégénérant en suicide. Le grand dragon qui lui servait de mentor agressa une jeune femme dans un train. Elle mit fin à ses jours en absorbant du mercure. L’histoire fit couler beaucoup d’encre. Une censure féroce entraina la disgrâce du Klan dans l’opinion publique. Les politiciens soutenus par le Klan furent évincés en masse. Daddy chercha de nouvelles perspectives et investit massivement en bourse. Sa fortune s’accrut régulièrement et il décida qu’il était temps de larguer sa grande maison de Memphis pour une encore plus grande dans la station balnéaire d’Atlantic City complétement tombé en désuétude. Daddy avait toujours rêvé de l’océan Atlantique.
Daddy lâcha la rampe en 1909, emporté par une cirrhose du foie. Le p’tit Cliff hérita de sa fortune. A l’abri du besoin pour le reste de sa vie. Le p’tit Cliff avait une passion, il aimait les histoires, il se rêvait grand narrateur, il se rêvait charmeur de serpent face à un public avide de spectacle. Le p’tit Cliff revendit la grande maison d’Atlantic City et dit adieu au New Jersey puis bonjour à New York la grande cité des excès. Bien qu’il n’était pas aussi fameux que les studios de Burbank en Californie, le cinéma avait quand même sa place dans la grosse pomme et la RKO ainsi que Variety Pictures y tournaient quelques longs métrages. Coleman avait de l’argent à perdre, il devint cinéaste et s’aventura dans le film muet. « CC » l’excentrique, « CC » l’emmerdeur, « CC » l’acharné. Les producteurs virent qu’ils avaient affaire à un pseudo Cecil D BMile au rabais. Mais puisqu’il finançait lui-même ses pitreries devant caméras et qu’elles étaient assez enthousiastes pour attirer le public dans les salles de spectacles qui diffusaient des films, alors pourquoi pas ?
Brooklynn, 1924Le grand terrain vague derrière Brownsville.
Coleman hurla :
« Caméra ! On tourne ! »
Le couple devant la caméra se disputa sur le plateau en carton pâtes qui avait été installé pour pas cher. Un traditionnel vaudeville, dès qu’on flattait les instincts du public avec ça, il n’y avait plus de limites. Coleman ajusta son nœud de cravate avec un 6 brodé dessus (Il avait tourné 6 films muets) et saisit son mégaphone tout en cherchant du regard où son metteur en scène était bien passé. Il avait eu cet abruti pour pas cher et il le regrettait. Cet abruti était pas foutus de diriger une danse de groupe sur scène. Il hurla ses instructions dans le mégaphone alors que son cameraman qui n’en pouvait plus tenta de se boucher les oreilles. Lui au moins il avait un endroit où crécher, au contraire de la plupart des désœuvrés de Brooklyn que Coleman avait engagé. Comme souvent, il avait engagé son équipe au marché d’esclave de Long Island, rue de la débine. Ils dormaient sur le plateau, on aurait cru une jungle de routard sur le retour.
« COUPEZ ! Scène suivante !!! »
Plan de coupe, un extras sautillant vêtu d’un masque de démon. Il était censé représenter le mauvais génie qui persuadait la femme de tromper son époux. Hop-Hop sur scène et une bouteille de gnôle bon marché qui giclait de la poche arrière de son pantalon. Clifford hurla en gesticulant:
« COUPEZ !!! Je vous ai déjà dit à tous de laisser vos flasques avec vos couvertures dans vos sacs de couchages ! Et souvenez-vous de mes ordres, pas d’alcool avant la pause déjeuner ! Les agents de police ont tendance à passer devant le plateau le matin. »
Hop-Hop, le gugusse qui se faufile en catimini derrière le décor. Pendant ce temps l’acteur faisant le mari pelote en douce le cul de l’actrice jouant sa femme et s’en prend une dans la tête bien sentit en retour. Coleman s’époumona :
« Pause de 5 minutes ! On ne picole pas derrière le plateau ! »
Un scénariste de théâtre qui vient s’insinuer en douce près de la caméra.
« Tu veux encore me vendre un de tes textes ? »
« Les gens n’arrêtent pas de me demander ça. »
« C’est une conclusion incontournable pour le connaisseur avertit. Comme dirait Sun Tzu dans l’art de la guerre, si le réalisateur de film fuit les sollicitations, il faut le poursuivre. »
« Quoi ? »
« Laisse tomber. »
C’était bientôt l’heure de la pause déjeuner et ce matin, Coleman était passé à la boulangerie de Norton sur Brooklyn pour se procurer le pain rassis d’une semaine pour les sandwichs. Il nourrissait son équipe de pain rassis, de beignets rassis et de cette viande qu’il achetait en douce sous le comptoir à l’abattoir de Vernon dans le Queens. Un de ses machinistes avait cessé de manger sur le plateau après avoir vu de la fourrure dans son bologne au fromage.
Rires et discussions des acteurs principaux autours du script. D’un pas de mambo, Coleman vint les rejoindre. La blonde qui jouait l’épouse volage et un vieux Dracula d’occase observaient la description de la scène à jouer. Dracula avec ses crocs à la bouche et sa cape, était en réalité Elston Majeska. Une sorte de vedette de théâtre en Europe venus jouer dans le muet en Amérique. Le vieux Elston appréciait le p’tit Cliff. Il fallait le voir dire son texte avec son accent hongrois (sans importance vu que le film était muet), se bâfrer de sucre et engloutir ces vieux beignets rassis.
Papi venait de s’éplucher une banane, les guibolles vacillantes. L’actrice et Coleman le rattrapèrent par sa cape pour ne pas qu’il tombe. Le cameraman était d’ailleurs en pamoisson devant la sublime et ses formes. On en mangerait, rien n’y manquait ! Elle revint sur le plateau d’un pas de mambo, imitant Clifford Coleman au plus fort de son style. Les poivrots qui constituaient l’équipe technique du tournage, l’acclamèrent. Coleman songea qu’il aimait bien les grandes minces et blonde miel. Toute en jambe, toute en poitrine.
Dans le scenario, le démon tentait de pervertir l’épouse pour qu’elle tombe sous le charme du vieux vampire qui voulait lui sucer le sang. Son mari parvenait à la fin à enfoncer un pieu dans le cœur de papi. Coleman rattrapa son mégaphone :
« PAUSE FINIS !!! Tout le monde en place ! »
Le couple revint, les minutes suivantes, la caméra n’en perdit pas une miette. Les deux têtes se raprochent, enlacement, baiser.
« COUPEZ !!! ELLE EST PITOYABLE ! On la recommence. »
En fait elle était bien, Coleman voulait juste se rincer l’œil en la voyant embrasser à nouveau à pleine bouche son mari factice.
Ils recommencèrent, un poivrot fit : BOOOO !! L’actrice l’envoya paître. Coleman fit une nouvelle pause et se dirigea vers sa caravane de réalisateur. Une fois à l’intérieur, quelqu’un frappa.
« Je ne distribue pas la gnôle salaire avant 18h ! Alors déguerpissez ! Comme dirait Mahomet dans le saint-Coran, Suban Allah Rabbiya Al Dim bande d’alcoolique. C’est la dernière fois que je vous engage pour l’un de mes films bande de traine-savate. C’est un plateau de cinéma ici, pas la mission de Jésus le sauveur. »
La porte s’ouvrit quand même et un producteur de la RKO entra. Coleman tata son pouls, 180 au bas mot.
« Pardon ! Je suis confus ! Prenez donc un beignet Allistair et dîtes moi tout ! »
Il attrapa un pain aux raisins, le gouta et le remit : rassis. Coleman complétement hilare ajouta :
« Oui refusez ma nourriture, mais je doute que vous allez refuser les 50% du film que je finance ! »
« Oui c’est d’ailleurs la seule raison pour laquelle le grand patron vous laisse le tourner. »
Coleman se vautra dans son fauteuil. Le producteur observa les murs de la caravane. Des photos de l’actrice en pause sexy sur les 4 murs.
« Encore une que vous voulez épouser ? »
« Ne parlez pas comme ça de ma muse ! Mes pensées envers elle sont avant tout artistiques ! »
« Mais bien sûr Cliff. »
« Ah non ! C’est Clifford ! Arrêtez de m’appeler comme ça ! »
« Je venais juste voir ou en était le tournage. Je vais y aller. »
« N’oubliez pas de prendre un de mes petit pain pour la route. »